Bochra Bel Haj Hmida: «Dresser un front commun pour contrecarrer l’appétit gargantuesque d’Ennahdha»

Bochra Bel Haj Hmida: «Dresser un front commun pour contrecarrer l’appétit gargantuesque d’Ennahdha»
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Dans la perspective des prochaines élections et à la question « Les nouvelles alliances du centre et de la gauche pourront-elles rivaliser avec Ennahdha ? », Bochra Bel Haj Hmida (indépendante) a, aussi (lire l'interview de Hamma Hammami), répondu aux questions de Tunis-Hebdo: En tant que militante et figure associative, aujourd’hui indépendante, pensez-vous qu’un éventuel front commun des partis centristes et de centre-gauche puisse avoir des chances réelles de rivaliser avec Ennahdha lors des prochaines élections ? Je désapprouve l’idée bipolaire qui place Ennahdha contre les partis du Centre et du Centre-gauche. Selon moi, et en tant que citoyenne, la primauté devrait aller vers une coalition ou un front uni pour la Révolution, pour ces gens qui ont été désœuvrés, ces jeunes de Tala, de Kasserine, ces blogueurs qui ont transcendé cette bifurcation mémorable de l’histoire de la Tunisie qu’est le 14 janvier … En un mot, à ces orphelins de la Révolution, ceux-là mêmes qui se battent pour garder la tête hors de l’eau, qui dénigrent les richesses arrogantes ainsi que le népotisme; ils se jettent corps et âme dans des combats acharnés pour défendre leurs idéaux, à savoir une société juste, des droits et des devoirs. Cela revient à dire que les Jasmins du printemps tardent à éclore ? Je ne voudrais pas être pessimiste pour dire qu’on frise le mort-né … Mais honnêtement, et plus concrètement, la question que tout le monde se pose est de savoir ce que sont devenus les objectifs de la Révolution. Les gens du gouvernement sont obnubilés par leurs intérêts personnels et semblent en totale déconnexion par rapport au peuple et ses attentes. Le pouvoir et l’attrait de l’illusion semblent isoler de plus en plus les dirigeants du peuple. Serait-ce la raison première qui a motivé votre scission d’Ettakatol ? Depuis un certain temps Ettakatol n’est plus le parti que j’ai rejoint avec toute la conviction et la motivation qui étaient les miennes. Il s’est éloigné—sous entendu par son commandement—des idées de gauche. Ettakatol souffre d’une grande pathologie qu’est la narcissisme démesuré et l’absence d’une vraie dynamique fédératrice interne capable de créer l’union sacrée. Nous connotons une pointe d’amertume dans le tableau que vous peignez ? Je dirais plutôt prudence que pessimisme. Ennahdha détient une machine électorale énorme qui semble tout balayer sur son passage , mais ne présente aucunement un projet électoral valable digne de ce nom et qui tienne la route. La nécessité de dresser un front commun unissant les partis centristes et du centre-gauche semble une alternative vitale, pour contrecarrer le monopole démesuré et l’appétit gargantuesque actuel d’Ennahdha pour les prochaines élections, la gauche qui a toujours été porteuse, d’idées doit se mobiliser et mieux s’organiser pour rétablir un équilibre déjà précaire et fortement bousculé. L’union ne devrait en aucun cas être complaisante, mais instigatrice de tout un projet économique, social et culturel.

Propos recueillis par Ahmad Saïd Aïssioui - Tunis-Hebdo




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