La révolution tunisienne doit dessiner une alternative aux politiques ultra-libérales

La révolution tunisienne doit dessiner une alternative aux politiques ultra-libérales
National
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Les Tunisiens sont parvenus à renverser une dictature. Ce sont des raisons économiques qui ont poussé le peuple dans la rue. C’est le chômage des jeunes diplômés qui a été la goutte qui a fait déborder un vase plein d’humiliations et de corruption. Pays en croissance économique, la Tunisie avait abandonné son modèle social au profit de politiques ultra-libérales, implacables pour le peuple et destructrices d’emplois. En ce sens, la révolution tunisienne est un modèle pour les peuples en lutte pour le progrès social et le développement culturel. Seulement, le résultat politique de la révolution a été l’arrivée au pouvoir par les urnes de nouveaux tenants des politiques libérales. Sous couvert d’islamo-conservatisme, le pouvoir actuel tente d’imposer à nouveau les solutions libérales dictées par les multinationales et les institutions financières internationales. Au lieu de contribuer à faire entrer la Tunisie dans une nouvelle ère sociale, la révolution version Ennahdha et consorts pousse aujourd’hui les Tunisiens dans les bras du chômage et de la marginalisation. Comment sortir de ce cercle vicieux ? Un syndicaliste américain, Ken Peres, a récemment mis en exergue quelques idées ayant trait à la démocratie participative. Économiste, Ken Peres est un syndicaliste de l’AFL-CIO, l’une des plus puissantes centrales américaines. Relevant du syndicat CWA (Communication workers of America), Peres était récemment en Tunisie. Il a en effet assisté au défilé du 1er mai et participé à cette commémoration de la Journée mondiale du Travail. Au cours d’entretiens avec les syndicalistes tunisiens, Peres a mis en valeur la démarche syndicale américaine. Il a ainsi rencontré par exemple les syndicalistes Samir Cheffi ou encore Khereddine Bouslah. Pour Peres, le véritable agenda des multinationales et des institutions financières peut être résumé de la manière suivante: « L’austérité pour la majorité, la prospérité pour une infime minorité de privilégiés ». En effet, cette démarche a été imposée à toutes les nations et à 99% de la population mondiale selon un schéma léonin de style « top-down » (du haut vers le bas). Elle a été caractérisée par un fort taux de chômage, une qualité de vie moindre, la destruction de l’environnement et la réduction drastique des services et investissements publics en matière de santé, éducation et infrastructure. Ken Peres développe ensuite une démarche alternative qui suit les voies du « bottom-up » (du haut vers le bas) et implique la participation citoyenne à tous les niveaux de la prise de décision. Ce sont en effet aux acteurs de la société civile de contribuer à déterminer les objectifs de développement économique et choisir les politiques de nature à réaliser ces objectifs. La Tunisie a renversé une dictature et aujourd’hui les Tunisiens ont une opportunité d’ouvrir un processus de démocratie participative qui pourrait être authentiquement révolutionnaire. Ken Peres développe ainsi une approche participative, basée sur un dialogue national et un vaste effort civique. Selon lui, une démarche de ce type ferait de la Tunisie un modèle pour les autres peuples. Très au fait des techniques de mobilisation populaire, Ken Peres est connu aux États-Unis pour avoir participé aux grandes convergences entre mouvements syndicaux, écologistes et de jeunesse. A ce titre, il devrait revenir en Tunisie pour des fins de formations en milieu syndical.



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