Après plus d’une année d’attente, la Commission nationale d’investigation sur les dépassements et les violations (CNIDV) a rendu public son rapport qui a retracé les évènements se rapportant à la révolution du 14 janvier, recouvrant la période allant du 17 décembre 2010, journée où Bouazizi s’est immolé par le feu, au 23 octobre 2011, date des élections de l’assemblée nationale constituante. La reconstitution des faits n’a rien révélé de particulier par rapport à ce que l’on sait déjà sur le début des événements et leur déroulement à part les détails et les précisions apportés par le témoignage des victimes, de leur entourage et de ceux qui ont vécu de près ces évènements.
La seule information qui mérite de retenir l’attention, surtout en cette période où l’appel à l’assainissement des médias se fait de plus en plus pressant, est l’accusation dirigée contre une chaîne de télévision privée, suspectée d’avoir amplifié la situation pour semer la terreur dans l’esprit des Tunisiens et perturber l’intervention des forces de l’ordre et des militaires . Parmi les fausses informations propagées sur cette chaîne dans la semaine du 14 janvier, l’utilisation par des gens armés de voitures de taxi et des ambulances et des actes de pillage et de violence perpétrés en groupe par des bandes de voyous et de délinquants.
Cette accusation n’est pas tellement une révélation pour le grand public et ne nécessite pas une investigation pour découvrir les faits. Un minimum de présence d’esprit suffit pour s’en convaincre.
Le nom de la chaîne impliquée n’est pas cité dans le rapport mais les Tunisiens n’ont pas besoin de consulter des voyants pour le deviner. Un avant goût a été déjà livré par la presse écrite suite à l’interpellation de Larbi Nasra, fondateur d’Hannibal TV, qui a été arrêté le dimanche 23 janvier 2011 puis relâché le lendemain sans aucune explication de la part des autorités à part des excuses officielles.
Dans une dépêche de l’agence REUTERS on peut lire ce qui suit "Le propriétaire de Hannibal TV (Larbi Nasra), qui est apparenté à l'épouse de l'ancien président, se sert de la station pour faire avorter la révolution de la jeunesse, semer la confusion, inciter aux dissensions et diffuser de fausses informations", écrit l'agence en citant une source autorisée. "Le but est de créer un vide constitutionnel, de ruiner la stabilité et d'engager le pays dans un tourbillon de violence qui ramènera la dictature de l'ancien président." Cette dépêche reprise sur France 24 a donné libre cours à différentes suppositions et certains sont allés jusqu’à imaginer un discours de Ben Ali qui allait être diffusé sur la chaîne.
Le contenu de la dépêche a été confirmé quelques mois après par le journal LE MAGHREB qui a reproduit les dépositions de Larbi Nasra devant le juge. Selon le fondateur de la chaîne, la responsabilité des programmes et des émissions incombe aux concepteurs et aux présentateurs !!!
Et donc, il n’est nul besoin de se creuser les méninges pour connaître ce secret de polichinelle. La chaîne remise en cause dans le rapport ne peut s’agir de Nessma TV dont le patron est prêt à répéter mille fois BABA LAHNINE, ni de la chaîne publique qui n’a rien de privé.
