Opinion - Ennahdha en a rêvé, Ben Ali, l'a déjà légalisé...

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Du temps de Zaba, tout ce qui était de nature à enrayer la bonne marche de la dictature était passible des peines prévues par l'article 121(3) du code pénal. Aujourd'hui, tout ce qui est de nature à affecter les petits pas, sous-jacents de la charia est passible des peines prévues par cet article. Comme les grands esprits se rencontrent ! Sept ans de prison et 1200 dinars d'amendes pour Ghazi Ben Mohamed Beji, qui a publié en juillet 2011 un essai contre l'islam. Et la même condamnation pour Jabeur Ben Abdallah Mejri qui a repris sur sa page Facebook les caricatures du prophète, tirées du livre de Béji. Les deux hommes sont âgés de 28 ans ont été "inculpés et condamnés ensemble par le tribunal de Mahdia pour avoir publié des documents « de nature à nuire à l'ordre public ou aux bonnes mœurs » en vertu de l’article 121(3) du code pénal, un article adopté par les législateurs en 2001" . Béji est en fuite en Europe et Mejri est en prison à Mahdia... Leur crime : l'apostasie. A-t-on le droit d'être athée en Tunisie aujourd'hui et de le faire savoir ? La réponse est limpide, c'est non. L'art dans son ensemble, la littérature, le dessin ou le cinéma, devraient-ils être enfermés dans le carcan de la dictature de ceux qui s'autoproclament les garants de l'islam ? Ces plaintes sont devenues de plus en plus récurrentes. Nasreddine Ben Saïda, en a fait les frais pour un "nu", et Nabil Karoui, pour la diffusion du film "Persépolis". Il ne s’agit pas ici d’endosser la robe de l’avocat du diable ou de Dieu. Mais nous en sommes encore aux balbutiements de la liberté d’expression. Et cette liberté a déjà des barreaux, des gardiens qui dictent le bien, le mal, le moral ou l’amoral, selon des critères qui leur sont propres, faisant d’un article de loi un fourre tout, pour tout ce qui ne leur convient pas ! Les avocaillons de l’ombre veulent être mis en lumière, grappillant leur quart d’heure de gloire, enfourchant eux aussi, le cheval de la religion. Ce genre de procès, apparemment, a encore de beaux jours devant lui… Et c’est l’épée de Damoclès qui menace notre démocratie naissante, laquelle ne devrait souffrir d’aucun musellement. Pourtant, c’est là où réside toute liberté. C’est là où réside notre identité depuis trois mille ans. Nous sommes différents et nous sommes tous tunisiens. La Déclaration universelle des droits de l'homme adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies en 1948 a été inspirée par celle de 1789, qui était le texte fondamental de la Révolution française. L’Article 18 spécifie que : « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; Ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu'en privé, par l'enseignement, les pratiques, le culte et l'accomplissement des rites. » Nul n’a le droit d’emprisonner une personne pour ses idées, ses convictions profondes. L’article sus-nommé aurait-il une chance de figurer dans les prochains débats de l’ANC ? Pourquoi notre révolution a ignoré l’importance d’un tel texte, fédérateur, unissant tous les Tunisiens sous une même bannière, pierre angulaire de la future constitution ? Cette dernière est toujours coincée dans les Starting-Block et se balance encore entre les désidératas de ceux qui divisent la Troïka : État civil, théocratique ou même semi-théocratique. Telle est la question de notre devenir. La troïka au pouvoir, que ce soit au gouvernement ou à l’ANC, est toujours incapable de diriger ce pays. Elle s’active à tout va dans un seul domaine, celui des distributions des postes. Tous les postes possibles et imaginables, superflus et insignifiants. On remercie Zaba d’avoir décerné ce titre de prisonniers politiques à tout-va : A ceux qui ne connaissent la politique que par ouï-dire… et le siège confortable qui va avec ! Merci pour ces diplômés de l’ENA tunisien : « Ensemble Nahdhaouiste d’Arriérés».



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