Tarek Cherif : ‘‘Par rapport à l’UTICA, nous ne sommes pas dans l’opposition, encore moins dans la dissidence !’’

Tarek Cherif : ‘‘Par rapport à l’UTICA, nous ne sommes pas dans l’opposition, encore moins dans la dissidence !’’
Tunis-Hebdo
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Venue renforcer le tissu des syndicats entrepreneuriaux, la Confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie (CONECT), lancée il y a de cela quatre mois, gagne du terrain aussi bien dans les régions qu’à l’extérieur du pays. Tarek Cherif, le président de cette nouvelle organisation patronale, en est déjà à sa troisième visite en Libye et se veut rassurant quant aux perspectives de coopération avec notre voisin. Quel sera le positionnement de son organisation sur l’échiquier des affaires ? L’homme se veut conciliant : ‘’’’par rapport à l’UTICA, nous ne sommes pas dans l’opposition, encore moins dans la dissidence !’’ Tout d’abord, pourquoi avez-vous créé cette organisation patronale et choisi en même temps cette appellation (NDLR Confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie) ? À vrai dire, moi ainsi que plusieurs hommes et femmes d’affaires avons vu la nécessité de créer cette organisation pour consacrer le principe de pluralisme qui est en train de s’ancrer désormais dans tous les domaines. Le fait qu’il y ait plus d’une organisation patronale ouvre, en effet, la voie à la diversité et à la fructification des idées. Tout ça, c’est pour le bien de l’entreprise et par conséquent du pays. Pour ce qui concerne l’appellation, nous sommes persuadés que l’entreprise doit être connectée avec les salariés, avec le peuple, avec son environnement, avec l’État, avec, en somme, toutes les composantes de la société. Votre organisation se place-t-elle en rivale de l’UTICA ? Nous ne sommes pas dans l’opposition encore moins dans la dissidence. Nous travaillons dans l’intérêt général du pays. Nous concevons l’UTICA comme une organisation sœur. Ne pensez-vous pas que vous êtes en train de marcher sur ses pieds ( NDLR Celle de l’UTICA) ? Pas du tout. Loin de nous cette idée. C’est un procès d’intention que d’aucuns ont voulu nous faire assumer. Depuis quatre mois que cette nouvelle organisation est née, nous avons agi en gens responsables, mettant l’intérêt de l’entreprise tunisienne au-dessus de toute autre considération. Nous travaillons honnêtement et je reste ouvert à toutes les critiques quelles qu’en soient leurs origines. La visite que vous avez effectuée récemment à Tripoli à la tête d’une forte délégation d’hommes d’affaires n’a pas été, semble-t-il, autant fructueuse que vous l’auriez souhaitée ! Écoutez, on est à notre troisième visite en Libye depuis la révolution. La première fois, nos sommes allés à Benghazi avec une délégation de 70 personnes. Cette fois, à Tripoli, nous avons été bien accueillis par nos amis libyens et avons discuté des perspectives de coopération dans plusieurs domaines. Nous avons rencontré des responsables patronaux et de chambres de commerce pour échanger nos points de vue, mais également pour conclure des contrats. Globalement, nous sommes satisfaits de notre visite. Après, pour signer des contrats, il faut attendre que les idées se développent davantage. Cette délégation était multisectorielle et avions parlé avec nos homologues libyens des secteurs qui pourraient être développés conjointement. Il y aura par la suite d’autres visites pour consacrer tout ça dans le réel. Justement, quels sont les domaines d’activités que les Tunisiens sont allés prospecter en Libye? Plusieurs en effet : infrastructure, construction, domaine médical, industrie de transformation, etc. Nos amis libyens ne veulent plus dépendre de l’importation, ils préfèrent produire chez eux. Aussi, sont-ils en train de privilégier plutôt le transfert de technologie et l’exploitation du savoir-faire tunisien dans ce domaine. Ils ont des priorités et sont persuadés que les incitations aux investissements vont accélérer le processus de la reconstruction de leur pays. Finalement, la délégation que j’ai conduite est revenue globalement avec de bonnes intentions. La plupart des hommes d’affaires ont demandé la date de la prochaine visite pour concrétiser ces idées dans le réel. Le marché libyen du travail va-t-il pouvoir résorber les 200 mille travailleurs tunisiens comme le laissent croire les prévisions, ou est-ce que cela entre simplement dans le jeu de la propagande politique ? Écoutez, les Libyens sont actuellement demandeurs, mais avec le principe du ‘’donnant donnant’’. À titre d’exemple, la ville de Benghazi a besoin de 150.000 travailleurs. Cette ville était avant la révolution ‘’gérée’’ par les Égyptiens. Mais, honnêtement, les Benghazi sont sympathisants des Tunisiens. Il ne faut pas oublier qu’avec les Turcs, les Tunisiens sont les seuls au monde à être dispensés de visa pour entrer dans le territoire libyen. Il y a d’ores et déjà des Tunisiens qui sont allés travailler. Il y a beaucoup de demandes émanant de Libye qui sont arrivées à nos services de la coopération technique pour le recrutement des compétences tunisiennes. Au niveau sécuritaire, la situation s’améliore de jour en jour. La nuit, quand on est arrivés vers le coup de minuit, il y avait la célébration d’un mariage où nous avions logé. Êtes-vous optimiste quant aux perspectives de croissance de l’économie tunisienne en 2012 ? Je suis optimiste de nature. Mais cela nécessite la conjugaison de plusieurs facteurs : paix sociale, retour au travail, fin des revendications, retour des investisseurs, reprise du tourisme, etc. Il faut qu’on mette les bouchées doubles pour surpasser cette période délicate. Le tour est jouable.

Interview réalisée par Chahir CHAKROUN - Tunis-Hebdo




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