La faculté des lettres de Manouba envahie par des salafistes

La faculté des lettres de Manouba envahie par des salafistes
National
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Ce matin, lundi 28 novembre, à 8 heures, les étudiants des départements de français et d’anglais de la faculté des Lettres, des Arts et Humanités n’ont pas pu suivre les cours et passer les devoirs surveillés. À l’entrée du bâtiment réunissant les deux sections, des étudiants salafistes ont dressé des barricades empêchant l'accès aux salles. Quelques enseignants anglicistes ont tenté vainement de trouver une solution pour désamorcer le blocage. Mais il était quasiment impossible d’engager des discussions avec des groupes, certes minoritaires, mais décidés à envenimer l’atmosphère de la vie universitaire. Au fur et à mesure que le temps s’égrenait, des barbus étrangers à la faculté se sont agglutinés au groupe déjà présent, comme pour faire une démonstration de force. Les revendications qu’on pouvait lire sur les banderoles levées, mentionnent la volonté d’avoir une salle de prière dans l’enceinte de la faculté, et le droit des étudiantes portant le niqab d’assister au cours et de passer les examens. Aussitôt, le doyen de la faculté, Mr Habib Kazdaghli, a réuni au pied levé les enseignants présents pour plancher sur cette situation inadmissible. Il a été retenu que cette manifestation des groupes salafistes a été certainement préparée à l’avance visant l’empêchement du passage des examens dans une section où il n’existe quasiment pas d’étudiantes portant le niqab. Des forces occultes seraient derrière cet envahissement grave d’un espace voué à la transmission du savoir et des connaissances. Au terme de la réunion, le recteur en personne, Mr Chokri Mabkhout, est intervenu pour exhorter les enseignants à ne pas se laisser intimider par une minorité aux arrières pensées évidentes. De telles gesticulations, pense-t-il, n’ont aucune dénotation religieuse et dissimulent des desseins politiques qui ne font pas l’ombre d’un doute. Le recteur a tenu à souligner l’aura et l’autorité morales dont jouissent les enseignants, atout majeur qu’ils doivent faire valoir dans ce genre de situation critique. L’enjeu est de taille, et il faut se garder de faire des concessions qui seraient la porte ouverte à d’autres revendications déjà exprimées lors de rencontres avec le doyen, comme la séparation des salles par un rideau. Plus que jamais, la solidarité et la résistance sont de mise, a-t-il conclu. Il est à noter que le conseil scientifique de ladite faculté s’est réuni le 2 novembre dernier, suite à un incident qui a vu un enseignant menacé dans l’exercice de ses fonctions par trois salafistes, envoyés probablement par une étudiante portant le niqab à qui l’enseignant a signifié son refus d’assurer un cours en présence d’une personne non identifiée. Le conseil scientifique avait alors pris la décision d’interdire strictement le port du niqab dans les salles, et non dans en dehors. Ce qui est, d’ailleurs, une preuve de souplesse incontestable. En fin de journée, la mobilisation des salafistes n’a pas baissé ; ils ont apporté même des matelas et des couvertures avec l’intention de passer la nuit à l’intérieur de la faculté et de poursuivre leur mouvement de contestation. Demain mardi 29 novembre, le doyen de la faculté doit présider une réunion générale, prévue depuis quelques jours, avec l’ensemble des enseignants pour examiner la situation actuelle, somme toute, inédite.



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