Ordre et Démocratie

Ordre et Démocratie
Édito
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Après la trêve et l’accalmie qui ont relativement marqué le mois de Ramadan et l’Aid, voila que les incidents se reproduisent à un rythme régulier notamment dans quelques villes du centre et du sud du pays. Des incidents qui nous semblent loin d’être fortuits dans la mesure où ils ont alterné d’une région à une autre d’une manière cadencée et prenant chaque fois une dimension particulière comme si l’on voulait faire monter la tension de façon graduelle afin de créer un certain état d’insécurité qui pourrait mettre en danger, ou du moins retarder, la tenue des prochaines élections de la Constituante. Cette vague de violence, par ailleurs injustifiée, a été accompagnée par « la revendication » émanant d’une quarantaine de partis politiques de l’organisation de l’organisation d’un référendum sur un certain nombre de points surtout ceux ayant trait aux attributions et aux limites qui pourraient lier la future Assemblée Constituante. Ce mouvement a été couronné par l’attitude des forces de sécurité, le syndicat des forces de sécurité à travers la publication d’un communiqué ayant un caractère politique, et surtout le coup de force tenté par quelques éléments de la garde nationale qui ont procédé au remplacement de quelques hauts fonctionnaires par d’autres. Cela a produit la réaction du pouvoir exécutif qui a adressé, via le Premier Ministre, un sérieux avertissement à l’encontre de ces diverses manifestations qui mettent en péril l’ordre public et la sécurité nationale, et font planer une grave menace sur l’avenir du pays. Aujourd’hui, le problème essentiel qui se pose est relatif au rôle du syndicat des forces de sécurité du pays ? Que peut-il faire et jusqu’où peut-il se permettre d’aller ? Revenons à une chose essentielle pour dire qu’une véritable démocratie passe nécessairement par la neutralité de l’administration et principalement les forces de sécurité. Ces dernières ne doivent plus être inféodées à aucune force politique même si celle-ci accède au pouvoir, et le syndicat peut jouer un rôle important dans la non politisation du corps des agents de sécurité. C’est lui qui doit en être le gardien et sa fidélité est celle qu’il doit montrer à l’égard du Peuple et de la Patrie, et non à l’égard de toute force politique qui sera tentée demain de confisquer les libertés publiques ou de porter atteinte aux droits du citoyen. La Tunisie a souffert sous l’ancien régime de manière dramatique et tragique de l’instrumentalisation des forces de sécurité et de l’administration aux desiderata du pouvoir en place, et cette erreur ne doit plus se répéter si l’on veut réellement vivre dans un pays démocratique soucieux de respecter les libertés publiques. Ensuite, et comme cela existe dans toutes les démocraties du monde, les forces de sécurité ne peuvent à travers leurs syndicats que défendre leur intégrité, ainsi que leurs intérêts corporatistes, c’est-à-dire professionnels à la fois moraux et matériels. Ils ne peuvent donc pas émettre des opinions politiques qui les éloigneraient dangereusement de leur neutralité nécessaire. Ces syndicats ne peuvent pas aussi recourir, à l’instar des autres secteurs, à l’arme de la grève. Celle-ci leur est strictement interdite, y compris dans les législations des pays démocratiques, dans la mesure où elle peut avoir de graves répercussions sur le maintien de l’ordre public et sur la continuité de l’Etat. Car que signifie un pays sans forces de sécurité qui garantissent la paix civile sinon une incitation à la violence et aux dépassements de tous genres, mettant en danger les personnes et les biens. Il est clair que ce message fort du gouvernement doit encourager le syndicat des forces de sécurité à faire d’abord le ménage dans ses propres rangs puis de contribuer de manière efficace à la pacification du pays. Il y va de l’intérêt de tous les Tunisiens qui militent pour une société démocratique respectueuse des droits humains.



Ain Drahem : Malheureux, ces enfants vendent de la joie aux visiteurs !

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