Transition démocratique : la Tunisie évitera-t-elle les erreurs de l’Europe de l’Est ?

Transition démocratique : la Tunisie évitera-t-elle les erreurs de l’Europe de l’Est ?
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« La Bulgarie et la Tunisie ont au moins deux points en commun : un pays voisin frappé par l’instabilité politique et la volonté d’une transition démocratique pacifique. » C’est ainsi que M. Nikolai Mladenov, ministre des Affaires étrangères de la République de Bulgarie a commencé son discours devant la communauté bulgare en Tunisie, lors d’une rencontre organisée par l’Ambassade du pays à Tunis. Le ministre et son équipe d’experts ont promis d’œuvrer pour que la Tunisie puisse profiter de l’expérience de la Bulgarie qui a vécu une révolution similaire en 1989 et éviter les pièges avec lesquels est parsemée la voie vers la démocratie. Ces pièges, que le ministre n’a pas nommés, les voici : En premier lieu : la désillusion. Selon le sociologue Ognyan Minchev, le peuple bulgare a été fortement indigné lorsqu’il a vu que les oligarques issus de l’ancien parti – État se sont accaparés du pouvoir brisant net l’élan démocratique des idéalistes qui ont apparu au lendemain de la chute du dictateur communiste. Rappelons qu’à l’époque, les agitateurs de l’ancien parti au pouvoir avaient mis en scène une chasse aux sorcières visant à dresser les gens les uns contre les autres ainsi qu’un procès contre Todor Jivkov, l’ancien président éternellement élu, qui n’a jamais abouti, afin de faire diversion et se partager les richesses du pays, souvent par le biais de prête-noms. Ensuite, sans la volonté de moderniser l’État en créant notamment un mécanisme de contrôle du système économique, il y a eu l’émergence de l’économie souterraine qui a rapidement fusionné avec les partis politiques. De cette façon, la vie politique s’est vue gangrenée par les anciens militants du Parti, dont ce type d’économie émanait. Par ailleurs, les réformes libérales excessives faites à la fois pour plaire au FMI et consolider les positions de la nouvelle bourgeoisie ont eu comme résultat l’anéantissement de la classe moyenne. Triste conséquence : le pays s’est vu privé de ses forces vives, les jeunes, qui ont choisi de chercher pitance sous d’autres cieux. Quant aux plus âgés, ayant vu leurs revenus rétrécir comme une peau de chagrin, ils se sont résignés à conduire des taxis pour joindre les deux bouts. À cela s’ajoute la disparition progressive de certains acquis sociaux tels que la gratuité des soins et de l’enseignement supérieur – même sous les gouvernements « de gauche » – qui a davantage divisé la société et accentué la déception des masses qui désertent de plus en plus l’isoloir du scrutin. Cela veut-il dire que certains pays sont voués au dilemme cornélien entre la démocratie et la prospérité ? Répondre par « oui » serait renier les origines mêmes de la Révolution tunisienne. Seulement, comme disait le politologue américain Zbignew Brzezinski à l’aube de la chute du mur de Berlin, la période de transition vers la démocratie durera autant que celle de la dictature. Et si l’on regarde de près l’histoire de chaque pays qui est passée par là, on ne peut que constater avec amertume qu’il n’a pas tout à fait tort.



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