Menaces !?

Menaces !?
Édito
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La « bataille » qui fait rage à la fois sur les ondes des chaînes radiophoniques ainsi que dans les médias écrits est celle relative à la place de l’Islam en Tunisie. Un débat qui ne manque pas d’innocence dans la mesure où c’est sur ce terrain marécageux que l’on veut aujourd’hui déplacer les problèmes de la Tunisie actuelle, celle qui est entrée dans ce début de troisième millénaire avec des acquis non négligeables en termes de modernité et de contemporanéité avec un Monde qui avance, qui évolue irréversiblement ! Les discussions et les interminables débats qui se sont succédés entre les tenants du rigorisme religieux et ceux d’une plus grande souplesse dans la lecture et l’interprétation de l’Islam, qui puisent en réalité dans le même fonds idéologique, se sont caractérisées par des échanges à la théâtralité bien ordonnée où pointaient quelques signes de bienséance mais aussi de violence dans les propos lorsque les réponses semblaient pouvoir créer des vagues et provoquer l’ire des « croyants » ! La question principale qui se pose n’est pas celle de savoir qui est le moins mauvais ou le meilleur des deux parties, l’un est connu pour son ouverture et sa capacité réelle d’assimiler et d’adopter les valeurs humaines universelles, l’autre est le chantre des discours bon chic bon genre et faussement tolérant ; mais de savoir quelles sont les raisons qui nous poussent à aborder, en tant que débat national, la place de la religion musulmane dans un pays musulman depuis des siècles comme la Tunisie ? En fait, deux aspects peuvent être traités dans ce cadre. En premier lieu, il convient d’affirmer que cette question se pose à partir du moment où deux grandes orientations s’affrontent, celle qui veut imposer la loi islamique autrement dit la Charia’a en tant que valeur et norme suprême, et celle qui entend ne pas s’écarter du chemin de la modernité pour s’appuyer sur le droit positif, celui qui est le résultat de l’intelligence humaine, celui de la rationalité et de l’évolution. Car, le choix est fondamental pour ne pas dire déterminant quant à la configuration et au visage que l’on souhaite pour la Tunisie du futur. Si toutes les dispositions juridiques de l’avenir doivent se soumettre aux lois charaiques, on peut présumer et s’attendre à un tour de vis étouffant sur la société tunisienne dans tous les domaines de la vie quotidienne, du plus simple fait social au plus complexe ! En second lieu, ces courants entendent par ces débats montrer les menaces qui sont présumées peser sur l’Islam dans notre pays ! Une question qui nous laisse perplexe et montre à quel point ceux qui recourent à ce subterfuge entendent imposer leurs opinions, y compris par la violence la seule arme qui peut faire plier le libre choix des citoyens. Mais et en réalité, l’Islam est-il menacé de disparition en Tunisie ? Existe-t-il un courant athéiste aujourd’hui dans notre pays pour faire croire à une pareille rengaine ? Bien sûr que non ! En fait, la confusion qui s’est créée avec la revendication de la laïcité en tant que choix constitutionnel et sociétal a donné libre cours aux défenseurs de la religion d’entretenir la « peur » des ennemis de l’Islam en Tunisie. Ensuite, et là on doit poser la question suivante : Est-ce que l’Islam, qui existe en Tunisie depuis près d’un millénaire et demi, peut-il être remis en cause ? Est-ce que nos parents, nos aïeux et ceux qui les ont précédés ont échoué dans leur préservation de la religion ? Les Tunisiens sont-ils devenus subitement impies pour être de nouveau islamisés ? Faudrait-il que nous soyons musulmans comme le souhaitent ces nouveaux prophètes pour avoir un « certificat d’authenticité musulmane » délivré de leur part, et échapper ainsi à leur foudre ? Bien sûr que non ! L’Islam n’a pas besoin d’être défendu. Il est tellement ancré dans les esprits de l’écrasante majorité de nos concitoyens qu’il s’agit d’un sujet de discussion dont on peut volontiers se passer pour édifier la Tunisie de demain. La Tunisie du 14 janvier a besoin d’autres débats, d’autres réflexions et d’une nouvelle approche politique, sociale et économique. Aujourd’hui, le débat doit tourner autour des questions de la consécration et des mécanismes de garantie de l’exercice des libertés individuelles et collectives de tous les citoyens conformément à l’évolution humaine et universelle, des choix économiques pour assurer le travail et la dignité aux centaines de milliers de chômeurs et améliorer le sort des salariés dans tous les secteurs, des choix de société que nous devons asseoir pour permettre à notre jeunesse, celle qui a porté l’étendard de la révolution, de vivre dans un pays libre, réellement libéré de toutes ses chaînes !



Commentaires

Ain Drahem : Malheureux, ces enfants vendent de la joie aux visiteurs !

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