Les fables d’Ommi Traki - Les repas imaginaires

Les fables d’Ommi Traki - Les repas imaginaires
Chroniques
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Bonjour mes chers amis. Aujourd’hui, je ne vais pas parler politique même si ça me démange là où vous savez. Je vais plutôt vous parler d’un trait de caractère, très répandu chez nous. Un trait de caractère qui n’épargne d’ailleurs pas certains politiciens. Je veux parler du masque que beaucoup parmi nous portent en toutes circonstances. Ils se montrent tels qu’ils ne sont pas. Ils incarnent le mensonge à un degré tel qu’ils vous débitent parfois leurs mensonges avec la certitude que vous n’en croirez pas un traitre mot. Dans ma longue vie, j’ai connu pas mal de politiciens qui mentiront plus et mieux que certaines femmes. Mais je dois avouer que je n’en ai jamais trouvé un seul qui sache mentir plus vite. Eh oui, chez nous, l’honnête homme ment dix fois par jour, l’honnête femme vingt fois par jour, l’homme du monde cent fois par jour. On n’a jamais pu compter combien de fois par jour ment une femme du monde. Mais trêve de bavardages, laissez-moi plutôt vous raconter… Un idiot trouva un jour une queue de mouton. Chaque matin, il s’en servait pour se graisser les moustaches. Puis, il se rendait chez ses amis et leur disait qu’il revenait d’une fête où l’on avait mangé bien gras. En même temps, son ventre vide maudissait ses moustaches luisantes de graisse. Un jour, alors que l’estomac de notre menteur gargouillait, un chat déroba la queue de mouton. Le fils de notre idiot tenta de capturer l’animal mais en vain. Puis, il se rendit en courant à l’endroit où son père se trouvait avec des amis. Il arriva au moment où son père racontait aux autres son repas imaginaire de la veille. L’enfant dit : « Papa ! Le chat a emporté la queue de mouton avec laquelle tu graisses tes moustaches chaque matin. J’ai tenté de la poursuivre mais il m’a échappé ! » A ces mots, tout le monde éclata de rire et on invita l’affamé à un repas, bien réel cette fois-ci. C’est ainsi que notre homme, abandonnant ses prétentions, connut le plaisir d’être sincère. C’est tout ce que je souhaite aux membres éminents de notre classe politique : découvrir la sincérité. Mais je crois que c’est au-delà des possibilités de beaucoup d’entre eux ! Je vois que je me suis de nouveau égarée. Je voulais pas parler politique et me voilà en plein dedans. J’ai pas fait exprès. Mais je sais que vous me pardonnerez. Et de toute façon, vous le savez, il n’y a aucune malice dans mes propos car, c’est connu : « Ommi Traki ness mleh ».



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