Le billet de Hatem Bourial - Raffarinades

Le billet de Hatem Bourial - Raffarinades
Chroniques
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Un quidam dont on n’entendra plus causer de sitôt ! Mais où est donc passé le valeureux, brillant et extra-lucide Hakim El Karoui ? Cette éminence grise, notre Raffarin à nous, est le génie qui a pondu le dernier discours de Mejnoun Leïla. C’est ce cher Hakim (le sage, si on traduisait) qui a piteusement pompé sur De Gaulle et déshonoré le célèbre « Je vous ai compris » du vieux général. Enfin, cette phrase, il ne faut pas oublier le contexte dans lequel elle a été prononcée : celui de l’Algérie française. Rien que cela aurait dû faire réfléchir notre sage parisien avant de copier derrière l’épaule du général. Mais passons et soyons généreux avec les errements de quelques génies médiatiques et autres qui ont cautionné la clique qui vient de dégager. Je me demande si des mecs comme Hakim vont avoir le droit de se présenter dans les dix ans qui viennent. Je me demande si certains médiateurs qui bouffent à tous les râteliers dictatoriaux vont bénéficier de l’argent public tunisien pour, de nouveau, mettre en valeur notre pays et nous faire bénéficier de leurs augustes lumières. On ne sait pas encore. Toutefois, ce serait plutôt indécent de voir les ex-promoteurs de la dictature devenir ceux de la révolution. Vous trouvez pas ? Remarquez, on n’en serait pas à une indécence près… Non, les mecs, il serait beaucoup plus juste et serein d’affirmer, une fois pour toutes, que nous avons fauté collectivement, qu’il faut pardonner (pas aux voleurs et assassins bien sûr) et tourner la page. C’est là, une condition sine qua non pour nos réussites de demain. Faire autrement reviendrait à se tirer une balle dans la jambe. Pauvre Hakim El Karoui, un homme si brillant, se livrer à pareilles consultations ! Allez, on ne va pas lui en vouloir plus que mesure. Comme tout le monde, il a fait des conneries. Mais lui, c’était au nom du génie qui est le sien. Après avoir tenté toutes les voyantes et tous les mages patentés, Mejnoun Leïla s’est adressé à la réincarnation de l’oracle de Delphes. Mal lui en prit car son consultant a tout mélangé: ridicule, mensonge et plagiat. Hakim, devant toi, je me sens comme un petit moustique arabe. Je sais, je ne t’arrive pas à la cheville et donc ne devrais pas te critiquer. Mais, tu sais, tu me fais doucement marrer et je n’en dirai pas plus… Un simple détail : maintenant que nous savons tous que tu es le génie qui dicte ses paroles à notre ci-devant Medjerda de la pensée (*), pourrions-nous savoir combien tu percevais pour le faire ? Je suis triste pour toi, Hakim ; mais j’ai bien peur que, dans la panique générale, tu n’aies jamais perçu ta dernière « pige » pour solde de tout compte… Dis-nous combien Hakim et saches que tu es pardonné d’avance. Dis-nous combien car tout le reste n’est que raffarinades, pentes ardues et glissades vertigineuses à l’ombre des dictateurs. (*) Puisqu’on qualifiait Ceausescu de « Danube de la pensée », pourquoi ne pas accorder ce titre posthume à Zinochet Benavie ? Qu’on me pardonne d’ailleurs, car cela salirait la Medjerda… Un dernier mot : merci à Cabu pour la caricature !



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