Pour y voir plus clair: la révolution est-elle en marche ?

Pour y voir plus clair: la révolution est-elle en marche ?
National
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Les événements politiques en Tunisie se succèdent à un rythme soutenu accompagnés de plusieurs incertitudes qui planent sur les esprits entretenant un certain flou et poussant plusieurs citoyens à s’interroger sur le sort de la révolution du 14 janvier. La semaine écoulée a vu la scène politique tunisienne vivre un certain nombre d’événements qui ont amené plusieurs citoyens à se demander si le processus révolutionnaire dans notre pays est en bonne voie. Il faut dire que plusieurs faits les perturbent et dont nous allons tenter d’expliquer, succinctement, les tenants et les aboutissants. La mise en marche de la justice Les citoyens ont été surpris, voire déçus, de la « légèreté » des sanctions pénales dont fut sanctionné le dénommé Mohamed Naceur Trabelsi. On se rappelle que ce dernier a été condamné par le Tribunal de première instance de Tunis à deux mois de prison et à une amende de 45 millions de dinars. Or, il faut préciser que le juge ne peut aller au-delà de ce que prévoient les textes en la matière. Car, il s’agit seulement d’une infraction au Code des douanes et précisons que le juge aurait pu se contenter d’une simple conciliation. Les citoyens ont cru voir une manœuvre avec l’ouverture de la procédure judiciaire lancée contre les trois anciens ministres du président déchu, Abdelwaheb Abdallah, Abdelaziz Ben Dhia et Abdallah Kallel. Or, il faut savoir ce que l’on veut ! La révolution est notamment intervenue pour redonner à la loi et à la justice la place qui leur sied, en faisant preuve d’indépendance et d’impartialité. Une bonne justice n’est jamais rapide et elle évoluera selon son rythme pour que les personnes concernées soient traduites conformément au droit tunisien. Au contraire, une justice expéditive est dangereuse dans la mesure où elle est utilisée par les régimes politiques dictatoriaux. Il faudrait donc laisser la justice faire son travail dans la sérénité tout en insistant pour rendre aux magistrats qui ont toujours fait preuve de probité et d’honnêteté leur véritable place et écarter ceux qui se sont rendus complices de l’ancien régime. Les écarts sécuritaires La sécurité a été mise à mal dans certaines régions du pays notamment le bassin minier et la ville de Metlaoui qui a été le théâtre de très graves incidents ayant abouti au décès de deux personnes et à une soixantaine de blessés. Il est certain de dire que les anciens barons du régime n’ont pas encore baissé les bras et essaient de faire rentrer le pays dans le cercle vicieux de la violence afin de faire perdre à notre révolution son caractère citoyen et de tenter un coup de force. Il est évident que les jeunes de Métlaoui ont été victimes de basses manipulations de la part de ces personnes qui n’ont pas encore totalement désarmé. L’arrestation de plusieurs individus qui seraient derrière ces incidents pourraient ramener la paix civile dans la région tout en souhaitant que le gouvernement dégage des critères objectifs afin d’assurer un recrutement équilibré au sein de la Compagnie des Phosphates de Gafsa. Attention à l’intolérance Un des faits les plus graves et les plus dangereux consiste dans la violence exprimée par certains courants politiques extrémistes pour tenter de faire taire, y compris par la force, d’autres voix différentes d’eux. Ainsi les incidents qui se sont produits à Sousse à l’occasion d’une manifestation, tout comme ceux qui s’étaient produits auparavant à l’encontre des dirigeants d’Ettajdid et du PDP lors de réunions à Sfax et à Jendouba, constituent une véritable oppression et contraires aux principes de liberté et de tolérance qui ont été magnifiquement conquis par notre peuple. La véritable démocratie exige l’acceptation de l’autre et le respect des libertés individuelles et collectives pour tous les citoyens quelque soient leurs obédiences ou leurs croyances (le droit de manifester pacifiquement ou le droit de réunion). Autrement, on risque de tuer dans l’œuf ce vent de liberté qui souffle sur notre pays.



André Parant juge nécessaire de préserver les acquis démocratiques en Tunisie

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