Lettre d’un syndicaliste français

Lettre d’un syndicaliste français
National
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Un regard teinté d'admiration est projeté sur le déroulement de cette révolution tunisienne par les syndicalistes français que nous sommes. C'est avec les larmes aux yeux que nous avons participé à la manifestation de soutien au peuple tunisien à Paris. Une très grande émotion se dégageait de cette foule majoritairement jeune, avec cependant un large soutien des plus anciens. Les slogans anti Ben Ali et anti RCD notamment indiquaient une demande très nette de liberté, d'égalité et de fraternité sans aucune référence à quelque intégrisme que ce soit, surprenant par là même les français que nous sommes, intoxiqués par une presse agitant sans cesse le risque de dérive islamiste. Nous avons beaucoup à apprendre de cette immense entreprise révolutionnaire, tant sur son cheminement jusque là, que sur ses objectifs affirmés de conquête d'une liberté réelle certes, mais également de davantage de justice sociale, de solidarité, etc, en somme une relecture des valeurs que trop de dirigeants ont semble-t-il largement oublié. A cet égard, même si les réalités sociales sont différentes en France et en Tunisie, l'arrière-plan économico-financier comporte quelques ressemblances. Les affaires sombres qui se déroulent derrière le rideau des déclarations politiques, l'accaparement des richesses par une certaine caste ont quelques points communs dans les deux pays. Si nous associons tout cela au népotisme (voir en ce qui nous concerne l'affaire Jean Sarkozy ou Guillaume du même nom), on ne peut que s'étonner de ces ressemblances. Bien sûr nous avons honte de la représentation française qui par la voix de sa ministre des affaires étrangères proposait ni plus ni moins l'envoi de renforts à Ben Ali afin de rétablir l'ordre en Tunisie, mais Alliot Marie tout autant que Nicholas Sarkozy ne sont pas la France. Par contre, ces déclarations sont édifiantes et laissent apparaître des intentions inamicales en direction de ce mouvement révolutionnaire, et les déclarations tardives de soutien au peuple de Tunisie doivent être accueillies avec une certaine méfiance. Nul doute que les tunisiens qui ont déjà fait preuve de beaucoup de maturité sauront déjouer toutes les manœuvres dirigées contre leur mouvement. Dans ce sens nous saluons la démission des syndicalistes de l'UGTT qui refusent de participer au gouvernement au côté des anciens complices de Ben Ali. Il nous reste à souhaiter longue vie à la révolution tunisienne afin qu’elle réussisse dans ses objectifs de justice, de liberté, de reconnaissance des droits sociaux... dans un climat de paix, de prospérité et de sérénité. Christian Brizard (syndicaliste CGT retraité)



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