En compétition "Horizons du cinéma arabe" à l'édition Youssef Cherif Rizkallah du Festival International du Film du Caire (CIFF), qui s’est déroulée du 20 au 29 novembre 2019, le film tunisien Un fils (Bik N3ich) de Mehdi Barsaoui, avec dans les principaux rôles Sami Bouajila et Najla Ben Abdallah, vient de remporter trois prix.
Depuis sa projection en gala le premier jour du festival, en ouverture de cette compétition, Un fils avait été beaucoup apprécié par les spectateurs, qu’ils soient professionnels ou pas, aussi bien pour ses qualités cinématographiques que pour les sujets qu’il traite. Pendant une semaine, il avait d’ailleurs été au centre de bien des discussions et débats entre tous ceux qui l’avaient vu et même ceux qui auraient voulu le voir mais qui n'avaient pas pu avoir des tickets.
Un fils, premier long métrage de fiction du jeune réalisateur Mehdi Barsaoui, avait fait sa première à la Mostra de Venise et y avait remporté le Prix de Meilleur acteur pour Sami Bouajila. Il avait ensuite été dans plusieurs festivals, dont ceux de Hambourg, Londres, Mumbai, Namur et Carthage.
Synopsis : Tunisie, été 2011. Farés et Meriem filent des jours heureux avec Aziz, leur fils de 11 ans. Durant un séjour dans le sud du pays, un événement vient changer le cours de leur vie. Alors qu’une course contre la montre s’enclenche, des vérités longuement enfouies commencent à refaire surface.
[embed]https://www.facebook.com/lesarcsfilmfest/videos/575058306576912/[/embed]Trois jurys ont donc décidé d’octroyer une récompense à ce beau film :
- Le Prix Spécial du Jury Salah Abou Seif :
Les membres du jury de la compétition "Horizons du cinéma arabe", soit le programmateur Piers Handling (Canada), président, l’actrice Hana Shiha (Egypte), le producteur et directeur de festival Stefan Kitanov (Bulgarie), l’acteur allemand Thomas Kretschmann et l’actrice Betty Taoutel (Liban) ont décidé d’octroyer le Prix Spécial du Jury Salah Abou Seif au film Un fils de Mehdi Barsaoui parce qu’il s’agit d’un « film bien maîtrisé par un réalisateur dont c’est le premier film, qui est porté par deux acteurs exceptionnels, et que ce film raconte comment la relation d’un couple peut se détériorer à cause d'un accident tragique suite auquel on découvre un secret ».
Très ému, Mehdi Barsaoui a dit à quel point ce prix est important pour lui et a remercié le jury et Mohamed Hefzy président du CIFF et Ahmed Shawky directeur artistique du festival pour avoir cru en son film.
[embed]https://www.facebook.com/massir.destiniii/videos/vb.100003011725940/2407291492714551/[/embed]- Le Prix UNFPA (Fonds des Nations unies pour la population):
Depuis deux ans, ce prix est octroyé par l’UNFPA au meilleur film arabe ayant pour thème la santé et la population. Pour cette édition 2019, les membres du Jury, Dalia Abou Senna, consultante à l’UNFPA Egypte, Hany Khalifa, réalisateur égyptien et Sandra de Castro Buffington, fondatrice et présidente de StoryAction, LLC, ont octroyé ce prix au film Un fils parce qu’il raconte l’histoire d’une famille dont le destin va changer suite à un coup de feu. Par ailleurs, ce film interroge sur le rôle et la nature de la paternité : est-elle naturelle ou s’apprend-elle ? S’acquiert-elle avec le temps? On y voit aussi l’importance de l’enfance et pose une question morale : faut-il sauver un enfant au détriment d’un autre ? Le film traite également du don d’organes, et montre des aspects nouveaux du problème.
En recevant ce prix, Mehdi Barsaoui, très heureux, a remercié le jury et a déclaré que son « petit cœur risque de ne pas supporter » un deuxième prix et qu’on ne peut pas imaginer à quel point il est heureux que mon film ait autant plu en Egypte.
[embed]https://www.facebook.com/massir.destiniii/videos/vb.100003011725940/2407301122713588/[/embed]- Le Prix du meilleur film arabe, toutes sections confondues :
Les membres du jury, la productrice Asma Graimiche (Maroc), le directeur de festival Eduardo Guillot (Espagne) et l’actrice Shereen Reda (Egypte) ont octroyé le Prix de meilleur film arabe, toutes sections confondues au film Un fils.
Lorsqu’il est monté sur scène, le jeune réalisateur a juré en plaisantant qu’il n’a payé aucun pot de vin pour obtenir ce troisième prix de la soirée. Il a ensuite ajouté qu’on ne peut imaginer ce qu’il ressent et qu’il ne peut pas ne pas offrir cette récompense à toute son équipe, qui est en réalité sa famille et avec laquelle il a passé les plus beaux moments de sa vie.
[embed]https://www.facebook.com/massir.destiniii/videos/vb.100003011725940/2407306812713019/[/embed]Outre le fait que Un fils est un très beau film, lui octroyer ces trois prix est une sorte de reconnaissance de la qualité du cinéma tunisien de ces dernières années, qui est de plus en plus présent dans les festivals de cinéma, y compris les plus importants d’entre eux, comme ceux de Cannes, de Venise, de Berlin ou de Toronto. D’ailleurs, on le remarquait lors de cette édition du CIFF du fait que les professionnels du cinéma s’empressaient d’aller voir les films tunisiens programmés. Même s’ils n’ont pas aimé tous les films tunisiens au Caire, ils les discutaient, les analysaient, les comparaient…. Ce qui est étonnant est que certains parlaient des films tunisiens des éditions précédentes et les commentaient encore, comme par exemple Tunis by night de Elyes Baccar, qui avait remporté le prix de meilleur acteur en 2017 pour Raouf Ben Amor ou le film Jaïda de Salma Baccar programmé également en 2017 et qui avait eu un très grand succès auprès des spectatrices égyptiennes, envieuses des droits des femmes tunisiennes ou le film Fatwa de Mahmoud Ben Mahmoud qui avait remporté lors de la 40ème édition du CIFF, le Prix Saad Eldin Wahba pour le meilleur film arabe, dans la compétition "Horizons du Cinéma Arabe".
Cet intérêt pour le cinéma tunisien a donné lieu également à un vif intérêt pour la Tunisie, sa transition démocratique, sa politique et surtout son code du statut personnel et les droits des femmes tunisiennes. Plusieurs spectateurs avaient d’ailleurs été très étonnées lorsqu’après avoir regardé le film Un fils, ils avaient constaté qu’il y avait encore en Tunisie des différences entre les droits des hommes et des femmes et que le père était le seul tuteur des enfants mineurs, et nombreux ont été d’ailleurs très déçus d’apprendre que le projet de loi sur l’égalité successorale n’avait pas été voté.
Neïla Driss
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