Importations tunisiennes : On est fort comme un Turc !

Importations tunisiennes : On est fort comme un Turc !
Tunis-Hebdo
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D’après les derniers chiffres publiés par l’Institut national de la statistique (INS), le déficit de la balance commerciale durant les quatre premiers mois de l’année 2019 s’établit à 6,34 milliards de dinars (MdD) contre 5,09 MdD au cours de la même période en 2018. Mais quels sont ces pays qui nous exportent des produits en tous genres et auxquels nous ne leur vendons quasiment rien ?
On aura beau stabiliser le taux de change du dinar et emprunter des milliards aux banques, on ne sauvera pas l’économie tunisienne pour autant. Car c’est de politique de l’autruche dont il est question et non d’un plan de redressement à long terme. Nos hommes politiques le savent, font la sourde oreille ou débitent un ramassis de conneries populistes pour calmer les estomacs qui grognent : «Les prix des légumes et de la viande vont baisser pendant le mois de Ramadan», dixit Youssef Chahed ou je ne sais plus quel ministre...
2019 pire que 2018 ?
Quoi qu’il en soit, personne ne saurait si bien décrire la situation de la Tunisie que la chanteuse Dalida : «Encore des mots, toujours des mots, les mêmes mots...», la suite, vous la connaissez. Un petit tour au marché central de votre ville et vous aurez une idée précise sur la réalité des prix. Rien d’étonnant, puisqu’en plus de vivre à crédit, nous importons plus que nous exportons. En 2018, nous avons exporté pour 40,99 MdD et importé pour 60,04 MdD, soit un déficit de 19,05 MdD pour un taux de couverture de 68,3%. Serions-nous capables de redresser la balance cette année ? A en croire l’INS, peu probable... Les résultats des échanges commerciaux de la Tunisie avec l’extérieur, durant les quatre premiers mois de l’année 2019, montrent que les exportations ont atteint 15,78 MdD contre 13,54 MdD au cours de la même période en 2018, soit une hausse de 16,5% contre 32,8% l’an passé (par rapport à 2017). Vous l’aurez deviné, le taux d’augmentation de nos exportations a diminué de moitié. Nos importations ont, quant à elles, atteint 22,11 MdD contre 18,63 MdD au cours de la même période en 2018, soit une hausse de 18,7% contre 21,3% l’an passé (par rapport à 2017). Tant de chiffres qui brouillent la visibilité mais qui signifient que le taux de couverture est passé de 72,7% durant les quatre premiers mois de 2018 à 71,3% au cours de la même période en 2019, soit une baisse de 1,4%. L’année en cours s’annonce, en effet, pire que la précédente.
Déficit commercial
A présent, parlons de ces pays que nous avons pompé à tire-larigot, durant ces quatre derniers mois, au point de vider nos caisses. A la première place du classement figure la Chine avec un déficit de 2,01 MdD, suit l’Algérie avec un déficit de 1,16 MdD, puis l’Italie avec un déficit de 1,09 MdD et enfin la Turquie avec un déficit de 603,9 millions de dinars (MD). Tant de vêtements, d’accessoires électroniques et d’objets en tout genre nous proviennent de l’empire du Milieu. Qu’avons-nous à lui offrir en échange ? Strictement rien. Même les Chinois se sont mis à produire de l’huile d’olive. Peut-on se passer du gaz et du pétrole algérien ? La réponse est non. En plus des quelques packs de lait que nous leur vendons, des centaines de vaches sont vendues à nos voisins de l’ouest sans que le moindre millime ne revienne à l’Etat. Peine perdue donc. Alors que l’Italie se charge de nous fournir des pièces pour notre industrie mécanique et électrique, la Turquie inonde chacun de nos rayons d’épicerie ou de supermarché par ses produits agro-alimentaires. Des importations qui ne font que nuire aux sociétés de production nationales qui n’arrivent plus à concurrencer les lobbys des franchises internationales. On mange turc, on s’habille turc et bientôt on le parlera. Qu’avons-nous à offrir en échange ? De la main-d’œuvre bon marché pour aller faire le Djihad en Syrie...

Mohamed Habib LADJIMI Tunis-Hebdo du 20/05/2019




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