Sondages collatéraux

Sondages collatéraux
Tunis-Hebdo
print



Les sondages d’opinion en Tunisie, c’est un peu du patinage sur glace sans patins, on ne sait bigrement pas dans quel sens on va glisser. Disons que la tradition des enquêtes d’opinion, bien ancrée sous les cieux développés, peine à se doter de cette incontournable crédibilité, qui peut en faire un baromètre réel des tendances politiques et socio-économiques. Les bureaux d’études et de statistiques qui ont réussi à s’implanter dans notre pays sont la parfaite illustration de la mésintelligence entre la classe politique et les sondeurs d’opinion. Tant que les chiffres sont favorables à l’un ou à l’autre, tant les réserves, les réticences et les accusations de partialité, voire de corruption sont tues. Naturellement, dans tout cela, il faut chercher la bonne foi. Si la réputation des politiciens est déjà faite en matière de contrevérités, de tromperies diverses, de machinations et autres crapuleries, celle desdits instituts de sondage demeure tributaire de l’usage que font les médias et la plèbe des statistiques injectées à une occasion ou une autre. Le dernier exemple en date est la réaction corsée d’Ennahdha à la suite de la publication d’un sondage où le parti islamiste est crédité d’une baisse dans les intentions de vote pour les législatives. A Montplaisir, à en croire le communiqué rendu public par le mouvement de Ghannouchi, on trouve bizarre que les chiffres soient passés de 33% au mois de février à 18% à fin avril, « alors que d’autres partis ont connu, durant cette même période, une montée en flèche ». Inutile de signaler, au passage, qu’Ennahdha réagit pour la première fois avec cette véhémence, elle a toujours été indulgente avec les instituts de sondage. Indulgente, parce que toujours en tête des pronostics, mais cette fois, avec des statistiques désavantageuses, le sang des islamistes n’a fait qu’un tour. Ils se sont rangés du côté de la foule des contestataires, ceux qui accusent les instituts de sondage de tous les maux, principalement la manipulation de l’opinion publique avec pour arrière-fond la corruption. Déjà lesdits instituts essuyent les attaques virulentes des télés, dont la programmation ramadanesque est le seul faire-valoir publicitaire et conséquemment l’unique aubaine de renflouer les caisses. Entre les boulets rouges de la chaîne Ettassiaâ, les assauts d’El Hiwar, les réprimandes de Nessma, ils sont au banc des accusés, affublés de tous les torts, dont celui de servir discrètement les intérêts des uns et des autres. Les instituts de sondage sont-ils au-dessus de tout soupçon ? Leurs sondages sont-ils crédibles ou est-ce de la manipulation de bout en bout, pour pousser telle ou telle mouvance politique, telle ou telle personnalité ou telle ou telle télé ? Est-ce quelque chose de fiable ou un stratagème de plus au moins des politiciens qui sent le fric par toutes les pores ?

Imed BEN HAMIDA Tunis-Hebdo du 13/05/2019




Commentaires

Nos banques : à radin, radin et demi !

Précédent

Franc-parler : Tunis-Munich !

Suivant