Bienvenue en "Tunirquie" !

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Tunis-Hebdo
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En 2006, les exportations de la Turquie sur le marché tunisien ne dépassaient pas les 416 millions de dinars. Aujourd’hui, malgré les réticences coupables des gouvernants qui s’évertuent à ne pas révéler le volume véritable des exportations turques, Erdogan et ses sujets nous expédient pour pas moins de 1,5 milliard de dinars de marchandises, si ce n’est davantage. De plus la Turquie occupe une part non négligeable du marché parallèle, entendez qu’elle inonde le pays, à travers les contrebandiers, de divers articles sortis droit de ses usines. Non seulement elle contribue de manière officielle, par le biais de ses dirigeants, à la destruction de notre économie en dopant la contrebande, mais elle s’évertue, non sans cynisme, à apporter son grain de sel à la chute du dinar, qui, finalement, est une aubaine pour elle et, plus il glisse, plus Ankara nage dans le bonheur. Cette situation, nous l’avons héritée essentiellement du premier gouvernement issu des élections de 2011, conduit par les islamistes d’Ennahdha et les non moins islamistes CPR de Moncef Marzouki et Ettakatol de Mustapha Ben Jaâfer, un triumvirat appelé à l’époque Troïka et auquel nous devons cette entrée fracassante de la Turquie, allié politique inconditionnel des islamistes et financier occulte ultra-prodigue de leurs ramifications les plus radicales. « Je te hisse au pouvoir, je te soutiens et tu m’offres ton pays ». C’était ça le deal et comme la Troïka se fout éperdument du pays, de son économie, de sa stabilité, elle l’a offert sur un plateau d’argent à Erdogan, calife des califes et mentor (Morched) actuel des Frères musulmans. Les Turcs, en vertu d’accords aussi étonnants les uns que les autres, se sont pratiquement adjugé la Tunisie, devenue un marché à ciel ouvert, le leur. En contrepartie, les exportations tunisiennes vers la Turquie ne représentent même pas 5% de ce que nous expédient les Turcs. En fait, ils nous vendent tout et ne nous achètent rien. Ils sont présents dans l’agroalimentaire : des féculents aux condiments, en passant par les fruits secs toutes catégories confondues. Ils nous refilent même du « Borghol » ou blé mondé, sans compter les chocolats, les biscuits et les produits alimentaires manufacturés. Ils ont fait une véritable razzia du côté du prêt-à-porter. Une dizaine d’enseignes présentes dans le pays leur appartiennent. De plus, des marques tunisiennes font de la sous-traitance en Turquie, c’est-à-dire qu’ils confectionnent leurs articles dans des usines et des ateliers turcs. Une délocalisation que les investisseurs étrangers trouvent particulièrement honteuse. « Comment voulez-vous que les gens viennent investir chez vous si vous-même vous « fuyez » vers d’autres cieux pour investir », avait lancé un homme d’affaires lors d’une rencontre de businessmen, organisée en Tunisie. La Turquie nous refile tout, des articles ménagers, des produits chimiques, des composants automobiles, de l’acier, du fer, des matériaux pour le bâtiment entre marbre ou imitation de marbre, faïencerie, portes et fenêtres, verres, peintures et la liste recouvre pratiquement tout ce qui se produit chez nous. Evidemment, aucun dirigeant n’ose, aujourd’hui, remettre en question cette colonisation parce que si les Turcs ont laissé leurs racines s’étendre partout c’est parce qu’ils connaissent parfaitement le terrain et ont su « gratifier » tout le beau monde qui leur a ouvert la porte et continueront à gratifier ceux qui la laisseront grande ouverte.

Imed BEN HAMIDA Tunis-Hebdo du 18/03/2019




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