Bejbouj à l'instar de Boutef ?

Bejbouj à l'instar de Boutef ?
Tunis-Hebdo
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Nos hommes politiques tablent sur le départ définitif de Béji Caid Essebsi du Palais de Carthage en 2019. Or, notre vieux briscard peut aisément leur infliger une véritable "gifle" dans un an en postulant à un second mandat présidentiel et cela en toute légalité. Le président algérien Bouteflika n'a-t-il pas, quant à lui, déjà exercé quatre mandats successifs ? De plus, ce dernier envisage sérieusement, aujourd'hui, d'en briguer un cinquième. Pourtant, il est, actuellement, impotent et se déplace sur un fauteuil roulant tout comme, à l'époque, Franklin D. Roosevelt (1933 - 1945), ancien locataire de la Maison Blanche. Certains du premier cercle de l'entourage de Bouteflika le poussent encore plus loin. Procédé qui n'est pas sans rappeler Bourguiba : se faire élire président à vie et cela malgré les moqueries de Paris et de Washington et l'opposition des intellectuels de la gauche et des oulémas algériens. Quant à Omar al Béchir, président du Soudan, il postule, lui, pour un sixième mandat consécutif allant de 2020 à 2025... On aura tout vu de ces "présidents-monarques". En Tunisie, il est fort peu probable qu'Ennahdha propose un postulant quelconque contre Si Béji afin de tenter de le remplacer. C'est là une question névralgique concernant l'équilibre des forces. De plus, ni Trump, ni, à plus forte raison, Macron, n'acceptera pas qu'un islamique quelconque, fusse-t-il modéré, occupe, un jour, la fonction suprême au Maghreb, particulièrement en Tunisie. Du reste, lors de sa visite officielle en Tunisie, le locataire de l'Elysée aurait refusé de rencontrer notre Cheikh, malgré l'insistance de son émissaire. C'est en prenant en considération la situation géopolitique, en général, et particulièrement l'équilibre des forces qu'Ennahdha préférera rester en retrait. N'oublions pas, toutefois, que Ghannouchi a, plus d'une fois, annoncé qu'il ne se présentera jamais contre Si Béji, lors d'un suffrage universel quelconque ! Est-ce que cette disposition fait partie de l'accord verbal convenu en 2013, lors de leur rencontre furtive à Paris ? Pour ma part, notre "Bejbouj" est en mesure, quoiqu'en disent les mauvaises langues, d'assumer un second mandat, même partiel. L'homme est assez bien portant pour son âge et il reste, quoiqu'on dise, au top, intellectuellement parlant ! Le grand mérite de sa bonne forme constante constatée selon la plupart des observateurs revient à son épouse. Celle-ci s'occupe, tout particulièrement, de son alimentation, de son repos et de sa détente. C'est-à-dire, presque la totalité de son hygiène de vie... Et ce n'est pas peu ! Un de nos chroniqueurs TV a reconnu, après s'être entretenu, il y a quelques temps de cela, près de deux heures d'affilée avec Si Béji, que le président était "dans une forme olympique, parfaitement opérationnel et éveillé intellectuellement". Certes, sa prise sur la totalité de notre classe politique où cohabitent pas moins de 214 partis politiques petits et grands, n'est pas toujours assurée y compris au sein du rassemblement qu'il a crée lui-même (Nidaa Tounes). Mais quel chef d'Etat ou leader de parti de par le monde peut se targuer de dominer totalement la situation et qu'il ne connaît pas d'opposants à sa politique, la vertu de la démocratie ? Partant de l'idée que notre "Bejbouj" est à un âge assez avancé (92 ans le 29 novembre prochain) et qu'il lui serait difficile de prendre en charge un deuxième mandat de cinq années fort exténuant, plus d'un, parmi nos politiques, commence déjà à entreprendre des tribulations pour s'accaparer, un tant soit peu, ce poste prestigieux, si convoité et si honorifique. Actuellement, Hafedh Caid Essebsi, "fils à papa de Si Beji", tient à prendre en main l'important héritage de son géniteur et cela sous l'impulsion d'une fraction de Nidaa Tounes et l'instigation, paraît-il, de sa maman et de sa propre épouse. Or, entre le fils et le père, ce dernier étant un intellectuel consommé doublé d'un tacticien politique de premier ordre sorti de la grande école bourguibienne - quoique entre le "zaïm" et Caid Essebsi, il leur est arrivé plus d'une fois de se "chamailler", y compris au sein même de l'Assemblée Nationale de l'époque - il n'y aucune comparaison. Par ailleurs, si la présidence pourrait constituer, dans un pays républicain quelconque, un grand héritage politique familier efficace, loin de toutes turpitudes, Si Lahbib, malgré son égoïsme personnel légendaire, l'aurait bien établi au profit de son propre fils, Bibi Junior ! Dès lors, qui conseille Béji Caid Essbsi à choisir son "bambin" en tant que son éventuel dauphin, quitte à le guider, sur la voie si escarpée du chemin du Palais de Carthage ? Ne dit-on pas que "derrière tout grand homme, il y a une femme" ? A ce propos, n'oublions pas que B.C.E a été élu au second tour - comme il l'a reconnu lui-même - grâce aux voix d'un million de nos femmes ! Toute proportion gardée, le président turc Erdogan n'a pas manqué, quant à lui, de clamer, récemment, haut et fort qu'il a été choisi, entre autres, par près de cinq millions de voix féminines. Nos dames, au profit desquelles le président a engagé de nouvelles et importantes réformes (les mauvaises langues parlent de concessions à but électoral) - dont l'héritage fifty-fifty, quoique laissé aux choix du citoyen, et le mariage avec un non-musulman - sont appelées à faire pencher, encore une fois, la balance du côté de B.C.E face à n'importe quel autre concurrent... Ce million de femmes, Si Béji les retrouvera de nouveau à ses côtés au cas où il envisagerait d'obtenir, grâce aux urnes, un deuxième mandat, tout à fait à sa portée selon notre humble avis. Ainsi, il aura coupé l'herbe sous les pieds d'un lot de prétendants dont certains sont des ignares, politiquement parlant ! ---------------------------------------- [*] : Je vous avouerai que j'ai conçu ce texte, il y a de cela près de quatre semaines dans l'éventualité d'un départ de notre excellent éditorialiste et ami Lotfi Larguet pour quelques jours de vacances auxquels il a, finalement, renoncé volontairement. Le voici publié !

M'hamed Ben Youssef Tunis-Hebdo du 10/09/2018




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