Tous ensemble, tous différents : A l'école des Maristes, l'apprentissage du respect

Tous ensemble, tous différents : A l'école des Maristes, l'apprentissage du respect
Chroniques
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  C'est toute une génération qui se reconnaîtra à l'évocation de l'école des Maristes renommée aujourd'hui Don Bosco et dirigée par les Salésiens. Cette école rayonnait sur tous les quartiers environnants et brassait toutes les communautés de Tunis. J'y ai côtoyé lorsque j'usais mes pantalons sur ses bancs les enfants des familles italiennes, françaises ou juives tunisiennes. Nous nous adoptions les uns les autres sans chichis et formions un seul esprit: celui du Tunis où nous étions nés et où nous vivions. C'est une vérité personnelle que je formule ainsi, en disant que depuis ma plus tendre enfance et au-delà du cercle familial, mes meilleurs amis ont toujours été en principe "différents". Qu'ils soient juifs ou chrétiens ne constituait pas en soi un mur insurmontable pour la rencontre. Nous vivions dans le même milieu et pour cela ne percevions pas de véritables différences. Et puisqu'elles existaient, ces différences n'étaient pas exacerbées. Au contraire, tout nous rapprochait: les livres que nous lisions, les musiques que nous écoutions, les films que nous voyions, ce que nous mangions et ce que nous apprenions. J'ai grandi parmi les familles siciliennes, avec la mamma, la nonna et la tsia qui veillaient au grain. J'ai connu les quartiers de Sabbaghine, Bab Aleoua et Bab El Fellah lorsqu'ils étaient majoritairement peuplés d'Italiens. J'ai joué et appris avec les enfants du quartier et nous étions réunis par une totale connivence et seule la nuit nous séparait. A l'école des Maristes, nous avons aussi appris le respect. Je ne dis pas la tolérance mais le respect. Je trouve le terme "tolérance" connoté négativement alors que celui de "respect" implique une égalité de fait et une reconnaissance tacite et entière. Cette notion de respect ne m'a jamais quitté et je rêve d'ouvrir un débat sur certaines valeurs qui devraient normalement être des plus répandues mais qui, pourtant, ont l'air caduques. Des mots comme courage, altruisme, persévérance ont un sens profond que, trop souvent, nous ne faisons qu'effleurer. Il est temps de revenir aux racines de nos principes, aux vertus qu'on nous enseignait. Car c'est là aussi que se trouvent les clés de la sortie de crise. Je soutiens que notre crise est avant tout morale et qu'elle s'est abattue sur nous car nos nouvelles générations ont été victimes d'une école en perdition. Le débat est urgent, nous pourrions l'engager modestement en nous demandant ce qui fonde nos principes et nos choix. Et aussi, en regardant rétrospectivement vers nos écoles et ce qu'elles nous ont appris. Cinquante années après avoir quitté les Maristes, je reste imbibé des valeurs qu'on m'y a inculquées. Je sais que nombreux sont nos lecteurs qui ont aussi connu des écoles solides, où l'on éduquait et où l'on enseignait. Pourquoi ne pas prendre la bonne résolution d'en discuter dans les semaines qui viennent? Ce serait assurément une manière de plus de défricher l'avenir...  

H.B. 




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