Enquête sur les réseaux Poutine | I. Le KGB et les condensateurs

Enquête sur les réseaux Poutine | I. Le KGB et les condensateurs
Tunis-Hebdo
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Dans le livre qui m'est tombé, récemment, sous la main, "La France Russe" de Nicolas Hénin - grand reporter et journaliste d'investigation - paru au mois de mai 2016 (Edition Fayard), j'ai choisi, pour vous, deux passages significatifs quant aux coups bas que montent les grandes puissances, l'une contre l'autre. En voici la première partie parue en pages 166 et 167 :

M.B.Y

"Comme tous les grands services, les renseignements russes et français se sont beaucoup toisés, s’affrontant parfois vivement, mais le fleuret toujours moucheté du fait des impératifs de coopération. L’un des principaux camouflets imposés par Moscou remonte à 1976. L’ambassade de France dans la capitale soviétique reçoit alors six nouveaux téléscripteurs codés afin de communiquer avec les ministères à Paris. Ils sont transportés dans des "wagons-valises" utilisés par les ambassades pour transporter des matériels lourds ou volumineux et bénéficiant du statut de protection de la valise diplomatique conformément à la convention de Vienne. Le KGB profita d’un transit de quarante-huit heures de ces wagons sur le sol russe pour desceller discrètement les caisses et remplacer les condensateurs des appareils par d’autres permettant d’intercepter et transmettre leurs communications. Le 10 janvier 1983, l’un de ces appareils tombe en panne. Le technicien chargé de la maintenance l’ouvre pour la première fois depuis son installation et découvre avec effroi le dispositif. Pendant six ans, tous les messages diplomatiques reçus et envoyés par l’ambassade, y compris les plus secrets, ont été lus par les Russes ! Un ancien diplomate en poste à cette époque à la chancellerie se souvient : "Nous prenions des précautions incroyables. Je me rappelle que je mettais mon carnet d’adresses dans un sac en plastique pour le conserver avec moi sous la douche ! Toutes nos réunions importantes se tenaient dans des salles blindées qui faisaient cages de Faraday pour éviter les transmissions. On n’avait pas le droit de lire un TD à voix haute de peur d’être écoutés. On nous imposait des précautions pas possibles… Et, finalement, on apprend que toute notre correspondance avec Paris pendant des années avait été interceptée !" François Mitterrand lava l’affront en expulsant quarante-sept "diplomates" de l’ambassade soviétique, dont les chefs de poste identifiés de tous les services de renseignement." (A suivre...)

M'hamed Ben Youssef Tunis-Hebdo du 06/08/2018




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