CLIN D’ŒIL | L’art de faire du neuf avec du vieux

CLIN D’ŒIL | L’art de faire du neuf avec du vieux
Tunis-Hebdo
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Pour trouver un successeur à Nabil Maâloul, Wadii El jery, le patron de la Fédé, a mis beaucoup moins de temps que notre premier ministre à nommer le remplaçant du ministre de l’Intérieur. C’est que le président de la FTF a plus d’un tour dans son sac. Alors que les rumeurs allaient bon train sur le nom du nouveau sélectionneur, Wadiï El Jery prend tout le monde de vitesse pour jeter son dévolu sur Faouzi Benzarti. Ce dernier, dont la désignation n’a pas emporté l’adhésion de tout le monde, n’est plus à présenter. En Tunisie, c’est le technicien le plus capé, il est aussi le doyen des coaches qui peut se targuer d’avoir officié à la tête des plus grands clubs en Tunisie et au Maroc. Homme courtois en dehors des terrains, il charrie une mauvaise réputation en tant qu’entraîneur eu égard à son caractère bien trempé. Faouzi Benzarti, c’est un peu le docteur Jekyll et Mister Hyde du football national. A 68 ans, il hérite donc d’un poste dont il a toujours rêvé et qui lui a causé bien des frustrations. Et pourtant, à deux reprises, il a eu à diriger le Onze national, il est vrai dans des circonstances très particulières. En 1994 et 2011, on a fait appel à lui, plutôt par pis aller. Utilisé respectivement comme la cinquième roue de la charrue, il n’a rien pu prouver. Pire, les deux passages éclair ont été ponctués de zéro victoire. Jamais deux sans trois donc, et pour la troisième, on peut dire que c’est une « entrée-retour » par la grande porte. Reste à savoir ce qu’il peut faire à la sélection et ce qu’il peut lui donner quand on sait ses méthodes éculées, dépassées. Raison pour laquelle il passe aux yeux de beaucoup comme un« has been ». A bien des égards, Faouzi Benzarti c’est l’opposé de Nabil Maâloul. Après un sélectionneur pieux, versé dans la religion pouvant même faire office d’imam, on aura le droit à un coach laïque qu’on ne verra certainement pas conduire les Aigles à la prière de Vendredi. Ce qui les oppose, plus sérieusement, c’est l’approche. Maâloul, c’est le sens de la psychologie et de la communication ; Benzarti, c’est l’autoritarisme greffé sur l’intransigeance. Footballistiquement, le premier est un adepte du beau jeu fondé sur la technique ; le second qui ne croit pas au turn over est un partisan du pressing. Il n’est pas inutile de noter au passage que Faouzi Benzarti n’a pas été tendre avec son prédécesseur au Mondial de Russie. La solidarité qu’on croyait établie d’office entre coaches y a brillé par son absence. Mais par-delà ces différences d’ADN, une question se pose et s’impose : celle de la pertinence du choix du Bureau Fédéral. N’y a-t-il pas d’autres alternatives que celle de Faouzi Benzarti ? Vu la hâte avec laquelle la décision a été prise, on a eu le sentiment qu’il fallait au plus vite trouver un remplaçant à Nabil Maâloul. Tout s’est donc passé comme s’il y avait urgence et comme si cette question était plus importante que celle de l’évaluation de l’expéditions russe, renvoyée sine die. Car en définitive, il nous semble que ce dont l’équipe de Tunisie a besoin, c’est d’un sang neuf que seul un jeune sélectionneur, ambitieux et ayant le sens de la prise d’initiative, est à même de lui conférer. Faouzi Benzarti tout pourvu d’expériences riches et incontestables nous paraît charrier derrière lui un certain conservatisme qui, précisément, ne pourrait pas tirer le Onze national vers le haut. Nous n’hésiterons pas à lui souhaiter bon vent même si nous estimons que l’art de faire du neuf avec du vieux dont Wadiï El Jery est passé maître n’augure pas de lendemains enchanteurs.

Abbès BEN MAHJOUBA Tunis-Hebdo du 06/08/2018




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