Congratulons-nous, mon frère !

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Tunis-Hebdo
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Nous avons, dorénavant, pour maire de notre capitale, une dame élue tout à fait démocratiquement par le bon peuple. Toutefois, son émergence au sein du comité municipal a donné lieu à d’âpres débats et diverses tractations, parfois des plus sordides. C’est, donc, pour la première fois depuis 1789, date de la première instauration de la mairie de Tunis dirigée par Hamida Al Ghamad jusqu’en 1821 - qui a vu se relayer sur son «trône» pas moins de trente-trois cheikhs de la médina - qu’un membre municipal relevant du sexe dit, abusivement «faible», parvient à s’emparer de ce haut poste tant convoité succédant au dernier maire désigné, Saifallah Lasram (2018). Notons qu’au début du protectorat, Tunis avait pour maire Hassouna Daly (1881-1882). Mme Souad Abderrahim, une proche du parti d’Ennahdha, dit-on, voire une militante modérée dans les rangs de ce rassemblement - dont les leaders ne sont jamais encore parvenus, faut-il le rappeler, à démêler ses rouages partagés entre le religieux et le politique - n’aura pas du tout la tâche aisée. Car, la Tunisie reste pour longtemps encore comme une multitude de sociétés où les mâles demeurent des dominateurs inassouvis. Déjà, les mauvaises langues commencent à traquer notre «Cheikha» souhaitant qu’elle n’aille pas jusqu’à apporter dans son sac à main «un chapelet de mosquées à construire à droite et à gauche dans les diverses rues, ruelles et quartiers de notre grande capitale...» Par ailleurs, nous devons nous féliciter d’avoir, nous aussi, notre «Cheikha» tout comme la princesse qatari la richissime «Cheikha Mozah». A propos du terme féminin Cheikha dont le terme «Chikha» semble être, du moins pour le citoyen lambda, un dérivé synonyme de grand plaisir, de dévoiement, voire de luxure. Voici ce qui s’est passé, chez nous, à l’aube de l’indépendance. A cette époque, précisément, il y avait un hebdomadaire satirique appartenant à Abdelmajid Boudidah portant le titre de «Al Watan» (La Nation) dont il a acheté le fonds de commerce auprès de la fille de son fondateur Mohamed Ben Fdhila décédé. Boudidah était à la fois un homme cultivé doublé d’une grande intelligence et rusé, quoique fortement bossu. De surcroît, il fréquentait les érudits de «Taht Essour». De ce fait, il était toujours bien informé. Un jour, il a narré dans son style particulier et savoureux les anecdotes d’une soirée exceptionnelle. Celle-ci a défrayé la chronique, à Tunis, du fait qu’elle a réuni, durant toute une soirée de débauche, tout le gratin que comptait, alors, notre capitale. Son article était intitulé «Malla lila, toute pleine de Chikhat et de Farhat» (ملى ليلة كلها شيخات و فرحات) Dès la parution de ce numéro du journal satirique en question, son directeur a été convoqué, illico presto, par le Procureur général de la République qui n’était autre que Si Mohamed Farhat, l’homme de main de Bourguiba au sein des rouages de l’ensemble de la justice nationale. Précisément, le grand juriste a participé, comme il se doit, à cette fameuse soirée des mille et une nuits ponctuée par une mémorable beuverie. Et il se sentit directement visé. Boudidah, le directeur de «Al Watan» a été coffré, durant une semaine environ, sans qu’aucun procès ne lui ait été intenté et qu’aucune procédure interrogatoire n’ait été engagée à son encontre. Libéré, le pauvre homme décida, illico presto, d’enterrer définitivement son illustre hebdomadaire satirique...

M'hamed Ben Youssef

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