Mahdia : Une usine italienne menace la santé des habitants

Mahdia : Une usine italienne menace la santé des habitants
National
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Fermée en 2016 pour non-respect de l'environnement, une usine italienne de production d’huile de grignons d’olive, située à Kerker, gouvernorat de Mahdia, va rouvrir ses portes malgré la colère des habitants. Selon une enquête réalisée par Marco Jonville et relayée par le Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux (FTDES),  l'usine viendrait d’obtenir une autorisation ministérielle provisoire, en dépit des conséquences environnementales et sanitaires induites pendant les 2 ans de fonctionnement. "Comment se fait-il que cette usine soit considérée comme dangereuse en Italie, mais pas en Tunisie ?”, s'est demandé Maître Ben Rejeb, avocat des habitants.
Extraction d’huile de grignons
Le procédé d’extraction d’huile requiert une quantité importante d’eau, qui est pompée directement dans la nappe phréatique. Puis pour récupérer l’huile de grignon, il faut ajouter un solvant chimique. C’est l’hexane qui est utilisé à Kerker : il se retrouve ensuite dans les eaux usées qui sont rejetées directement dans un bassin ouvert, aux abords de l’usine, ainsi que dans les fumées et les déchets solides qui sont laissés sur place. Or l’exposition à l’hexane provoque des irritations aux yeux et aux poumons, et, lors d’expositions répétées, il provoque une perturbation du système nerveux et des troubles moteurs . Il est également destructeur pour les écosystèmes aquatiques mais aucun système d’assainissement n’a été prévu, et aucune discussion avec l’ONAS (Office National d’Assainissement) n’aurait été ouverte.
Mobilisation civile
L’action des habitants a permis de mobiliser les autorités, qui malgré les problèmes constatés dès 2014 par l'Agence Nationale de Protection de l'Environnement (ANPE), n’avait pas agi en conséquence. Finalement le Ministère de l’Industrie a ordonné l’arrêt de l’usine suite à une mission sur place, conjointe avec l’ANPE en 2016. Cependant, les problèmes ont tout de même perduré. Le matériel et les déchets ont été laissés sur place, et ont continué de se diffuser dans les alentours, toujours sans aucune mesure de protection.
Remise en service prochaine de l’usine
Aujourd’hui, l’usine se prépare à se remettre en activité. Elle aurait obtenu en décembre dernier un permis provisoire de 6 mois, directement de la part du Ministre de l’Industrie, note le communiqué. Cependant, cette autorisation poursuit la politique d’impunité et de non-respect du droit : ni le traitement des eaux usées ni des mesures de réduction de la pollution n’ont été effectuées, et le cahier des charges du Ministère de l’Industrie n’est toujours pas respecté, selon Me Ben Rejeb.



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