Julian Assange, fondateur de WikiLeaks, dénonce l'interrogatoire de Sami Ben Gharbia

Julian Assange, fondateur de WikiLeaks, dénonce l'interrogatoire de Sami Ben Gharbia
National
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L'affaire de l'interrogatoire du cofondateur et directeur de la rédaction de "Nawaat", Sami Ben Gharbia, suscite beaucoup de réactions, à l'intérieur comme à l'extérieur. Certains la considèrent comme un fait qui sera oublié avec le temps, comme tant d'autres affaires similaires, d'autres, estimant qu'il s'agit du début d'une véritable guerre pour protéger la liberté de la presse en Tunisie. Ben Gharbia a déclaré à l'AFP, jeudi 5 mai 2017 qu'il avait été entendu mercredi par la brigade des recherches et d'investigation de la Garde nationale "pour vol de documents et divulgation de secrets", suite à la publication d'un article publié sur Nawaat, portant sur la "stratégie" de la présidence de la République pour défendre le projet de loi de a réconciliation économique. Le site a publié un communiqué dans lequel il dénonce un "harcèlement", précisant qu'"il s'agit de la quatrième fois que le directeur de la rédaction est convoqué par les autorités en moins d'un an". « Face à la détermination de Ben Gharbia à protéger nos sources conformément à l’article 11 du décret-loi 115, l’interrogatoire a duré 6 heures et a viré au harcèlement, focalisant sur le fonctionnement interne de Nawaat, l’identité de ses journalistes (carte d’identité, n° de téléphone, etc.) et la liste des collaborateurs de Nawaat, dans le but de les interroger un à un. » lit-on dans le communiqué.
La présidence de la République dément
Contactée par l'AFP, une source à la présidence a démenti toute "intervention ou pression", précisant que l'institution respectait "la liberté de la presse et encore plus l'indépendance de la justice". La source a indiqué que Nawaat avait été entendu "comme témoin et non comme accusé".
Réactions
Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a dénoncé une nouvelle fois "les pressions de la présidence de la République". Lors d'une conférence de presse tenue hier, lundi 8 mai, le président du SNJT, Néji Bghouri, a déploré la persistance des violences contre les journalistes, en particulier, lorsqu’il s’agit d’accès à l’information.

Il a évoqué les violations perpétrées par les fonctionnaires et les responsables gouvernementaux qu’il qualifie de phénomène nouveau, dénonçant l’obstination à juger les journalistes sur la base des dispositions du code pénal ou encore du code des plaidoiries militaires plutôt que du décret-loi 115.

Bghouri a appelé le ministre de la Justice à abandonner les poursuites judiciaires à l’encontre des journalistes basées sur des textes de loi autres que ceux régissant la profession à savoir les décrets loi 115 et 116.

De son coté, Reporters sans frontières (RSF) a condamné l'interrogatoire de Sami Ben Gharbia "avec la plus grande fermeté". Plusieurs autres organisations de défense des droits de l'homme en Tunisie et dans le monde ont condamné le comportement du gouvernement à l'égard de Ben Gharbia: le Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux (FTDES), Article 19, International Media Support (IMS),l'association « Vigilance pour la Démocratie et l'État Civique », le Centre de Tunis pour la liberté de la presse (CTLP) et EuroMed Droits ont signé un communiqué commun pour soutenir le directeur de la rédaction de "Nawaat".   L'affaire a pris de l'ampleur durant ce derniers jours, pour atteindre l'Australie, où Julian Assange, fondateur, rédacteur en chef et porte-parole de WikiLeaks a dénoncé  l'interrogatoire. "Tunisie, tu sais que je t'aime, mais tu ne devrais pas faire ça. @ifikra (Sami Ben Gharbia) est un héros de la révolution, et mon ami.", a tweeté le cybermilitant australien. Rappelons que que dans le classement mondial de la liberté de presse de RSF, la Tunisie est classée dans les catégorie des pays à « problèmes sensibles » et arrive à la 97ème position sur 180 pays. Selon le SNJT, ce rapport vient confirmer les craintes que le syndicat a exprimé quant à la détérioration de la situation de la liberté de la presse en Tunisie.

I.B.




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