Tunisie : Limogé, Néji Jalloul se farcit Ennahdha et Nidaa

Tunisie : Limogé, Néji Jalloul se farcit Ennahdha et Nidaa
National
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C’est un ministre qui s’est forgé une sérieuse réputation de réformateur ayant réussi à tenir en bride la gent enseignante, que Youssef Chahed vient de congédier. Néji Jalloul est évidemment conscient de cette popularité et compte en tirer avantage pour tourner entièrement les choses en sa faveur, histoire de prouver que l’humiliation, la vraie, est plus du côté du chef du gouvernement que du sien. Cela dit, après la brève réticence qui a suivi son limogeage, Jalloul a compris que c’est l’inverse qu’il fallait faire, c’est-à-dire qu’il devait plutôt se lâcher médiatiquement pour enfoncer ses « bourreaux ». Et il s’est lâché, multipliant les déclarations, à la télé, les radios et sur les journaux. L’hebdomadaire Akhbar Al-jomhouria a publié, aujourd’hui, mercredi, une interview dans laquelle il tire à boulets rouges sur Ennahdha qui, pourtant, avait cautionné sa nomination et à laquelle il a prêté le flanc, par Cheïkhs interposés. Jalloul sait qu’il a tout intérêt, maintenant qu’il est dehors, à troquer son allégeance stratégique pour les islamistes contre une animosité, toute aussi stratégique, imposée par la conjoncture. Il déclare, en ce sens, que le mouvement islamiste veut transformer la Tunisie en Etat théocratique proche, selon ses propos du modèle afghan. Il pointe du doigt les ministres d’Ennahdha au gouvernement, les qualifiant d’incompétents et estimant qu’ils méritent, et de loin, le limogeage beaucoup plus que lui. Il a cité, notamment, Zied Laâdhari, ministre du Commerce ; Imed Hammami, ministre de l’emploi et Mohamed Anouar Maârouf, ministre des TIC. Côté Nidaa, c’est Majdouline Cherni, ministre des sports et visiblement filleule d’Essebsi qui en a eu pour son compte. Sur ce même Nidaa, Jalloul a affirmé que ce parti est bien mort et qu’il est carrément sans âme, livré aux opportunistes de tous bords qui le dévorent à pleines dents. Il faut dire que dans tout cela, le limogeage de Jalloul a carrément le goût d’un dernier épisode d’une série télé à succès, dont les producteurs ont décidé d’en écourter le nombre de saisons. Si Chahed, en multipliant les déboires, n’aura pas plus d’avenir politique qu’un Mohamed Ghannouchi ou un Habib Essid, Jalloul, lui, a de fortes cahances de figurer dans les futurs échiquiers politiques au cas où il se désolidariserait de Nidaa Tounès.



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