Un ex-détenu tunisien de Guantánamo veut quitter la Tunisie et préfère retourner dans sa cellule

Un ex-détenu tunisien de Guantánamo veut quitter la Tunisie et préfère retourner dans sa cellule
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Il y a six ans, Hédi Hammami a quitté la prison de Guantanamo pour revenir en Tunisie... Fils d'un agriculteur du nord-ouest, Hédi est parti pour l'Italie en 1986 à la recherche d'un emploi. Là, il a rencontré un groupe de missionnaires islamiques, Tablighi Jamaat, et a par la suite voyagé au Pakistan, où il a obtenu le statut de réfugié. Il a été arrêté au Pakistan et remis à l'armée américaine en 2002 puis transféré à Guantanamo, où il a été accusé de s'être entraîné dans des camps d'al-Qaida en Afghanistan. Les Américains disent également avoir trouvé ses papiers d'identité à Tora Bora, repaire d'Oussama Ben Laden, selon des articles publiés par WikiLeaks. Le Tunisien a démenti catégoriquement être allé en Afghanistan ou avoir eu des liens avec Al-Qaida ou le terrorisme, d'où il a finalement été libéré sans être inculpé, rapporte le New York Times, qui est venu à sa rencontre en Tunisie. Aujourd'hui, six ans après sa libération, il souffre toujours de maux de tête, de dépression et de crises de panique découlant des mauvais traitements dont il a souffert, selon ses dires. Il est maintenant marié avec deux enfants et employé comme chauffeur d'ambulance nocturne. Hédi Hammami, 47 ans, semble avoir reconstruit sa vie. Pourtant, Il se dit vivre sous une pression et sous le harcèlement répété de la police, ce qui l'a poussé à prendre une décision extrême. "Ce serait mieux pour moi de retourner dans cette cellule unique et d'être laissé tranquille et seul", a-t-il indiqué. "Il y a deux ou trois semaines, je suis allé à la Croix-Rouge et je leur ai demandé de me mettre en contact avec le Secrétariat d'Etat américain aux Affaires étrangères pour leur demander de retourner à Guantanamo". La Croix-Rouge a refusé de prendre sa demande, a-t-il fait savoir, insistant qu'à ce stade, ce serait mieux pour lui de quitter la Tunisie. "J'ai perdu mon espoir", dit-il. "Il n'y a pas d'avenir pour moi dans ce pays". Hédi Hammami dit qu'il veut vivre tranquillement. "Je n'ai jamais commis de crime. Je n'ai pas de dossier criminel, pas de vol, pas de problèmes d'éthique, rien. Ma seule demande est d'être tranquille, mais ils ne me laissent pas vivre ma vie dans la stabilité. Ils me poussent vers la mort.", a-t-il ajouté.
Les Tunisiens à Guantanamo
Rim Ben Ismail, psychologue travaillant pour l'Organisation mondiale contre la torture, a rencontré 12 Tunisiens détenus à Guantanamo. Elle a fait savoir au New York Times que le souhait de Hammami de retourner dans sa cellule est assez typique parmi les détenus de Guantanamo. "En raison de leur passé, ils sont tous présumés coupables, et c'est invivable pour eux et pour leurs familles. Ces dernières sont menacées et harcelées, notamment les parents, qui craignent les forces de sécurité tunisiennes et estiment finalement que leurs fils seraient plus en sécurité à Guantanamo", explique-t-elle, rappelant que les descentes policières ont souvent été "inutilement violentes". Un de ses anciens patients tunisiens de Guantanamo a été harcelé si implacablement qu'il est devenu suicidaire et a fui en Syrie, où il a été tué. "Il était si doux. En traitant ces gens comme ça, vous créez un climat de vengeance et le sentiment qu'ils n'ont pas de place", a conclu Dr. Ben Ismail, tristement.

Traduction : Imène Boudali




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