Culture, incurie et sabotage : Ce qui se passe à El Abdellia de la Marsa est intolérable !

Culture, incurie et sabotage : Ce qui se passe à El Abdellia de la Marsa est intolérable !
Chroniques
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Je voudrais vous faire part d'une mésaventure qui m'est arrivée jeudi dernier alors que je tentais en compagnie d'un groupe de dames françaises de visiter le palais d'El Abdellia à la Marsa. Autour de midi, nous nous sommes présentés à El Abdellia, un monument historique du quinzième siècle qui abrite aussi un centre culturel international relevant du ministère des Affaires culturelles.
Un hallucinant "Les visites sont interdites sans autorisation"
Un planton dont le bureau se trouve dans la vaste skifa du palais nous a signifié qu'il n'était pas possible d'entrer et que les visites étaient interdites. Pour prétendre entrer au palais d'El Abdellia et donc dans un centre culturel du service public, il fallait une autorisation qu'on pouvait obtenir en faisant une demande écrite. J'ai donc parlementé au nom du groupe mais c'était clairement "non". J'ai alors demandé à voir le responsable de l'espace culturel en me prévalant de ma propre qualité et de celle des personnes que j'accompagnais.
Une animatrice culturelle peu accueillante, inhospitalière et irresponsable
Après une brève attente, je fus reçu par la directrice du centre culturel, lui expliquai la situation, lui soulignant que quelques jours auparavant, j'avais pu visiter les lieux sans autorisation. Au lieu de prendre toutes les perches que je lui tendais poliment, cette personne à préféré s'obstiner et signifier une fin de non-recevoir. Au lieu de résoudre un problème qui n'en était pas un en disant par exemple que nous "pouvions entrer puisque nous étions là et que la prochaine fois, il faudrait, etc...", cette personne s'est enfermée dans une attitude peu accueillante, inhospitalière et irresponsable. Lui expliquant avec calme qu'un centre culturel ne pouvait être fermé au public, elle ne sut que me répondre et invoqua des motifs de sécurité relatifs à la "solidité de l'édifice".
Comment saboter sa propre tutelle !
Lorsque je lui fis remarquer que de nombreux étudiants en architecture se trouvaient en ce moment même dans l'édifice, elle me répondit par un aussi inacceptable que pitoyable : "Pour les étrangers, ce n'est pas la même chose". Bref, aveuglément, sans considérer la situation et avec une incohérence qui frisait le déni, je fus donc refoulé ainsi que mon groupe d'amis à l'entrée de la Abdellia. Alors même que le ministère de la Culture cherche à redynamiser ses espaces culturels, voire les sauver, voici une directrice dans son fief qui sabote l'action de sa tutelle.
Fermer la culture au nez des visiteurs
Je ne suis pas furieux, je suis tellement triste et honteux que la colère ne m'effleure pas. Toutefois, je me ferai un devoir de signaler les agissements et méfaits de cette pseudo-animatrice culturelle qui ne trouve rien de mieux à faire que renvoyer les visiteurs d'un centre culturel ouvert au public. Dérangerions-nous sa quiétude dans la sinécure qu'elle contribue à anesthésier pour qu'il ne s'y passe rien ? Le public serait-il exclu de cet espace culturel prétendument en ruines mais qui accueillait des soirées estivales il y a deux mois ? Cette directrice de sinistre pratique croit-elle faire son devoir en fermant un monument au nez des rares visiteurs ?
Scandale et incurie
En pesant mes mots, je prononcerai les mots de "scandale et incurie" pour dire mon indignation. Il s'agit ici d'un grave problème et il est nécessaire de donner des explications au public. Pourquoi ferme-t-on El Abdellia devant les rares visiteurs ? Au nom de quels textes légaux, cette directrice demande-t-elle une autorisation aux visiteurs ? La tutelle est-elle au courant de ces pratiques et dans ce cas qu'en pense le ministère ?
Des invités étrangers frustrés et choqués par cette inconséquence
Je comprends tout à fait qu'il faille une autorisation pour par exemple visiter Beit El Hikma car il s'agit de bureaux et d'un espace spécialisé. Je comprends tout autant qu'il faille payer pour accéder à Ennejma Ezzahra ou aux jardins du centre culturel de Hammamet. Je paierais volontiers s'il fallait le faire pour accéder à El Abdellia. Mais je ne puis admettre que des demandeurs de culture et de savoir soient refoulés aux portes du service public de la culture et du savoir par des incompétents qui détruisent la réputation de leur ministère et ridiculisent la Tunisie entière devant ses invités étrangers, frustrés et choqués par autant d'inconséquence. Pourquoi des fonctionnaires peu scrupuleux mettent-ils en échec l'action de leur ministère ? Qui sont ces semeurs d'inculture qui ont le mot "non" à la bouche ? Jusqu'à quand allons-nous démolir les héritages culturels en partage ?
Humilier la culture, c'est mépriser le savoir
J'avoue être profondément attristé et humilié devant cette situation banale, ordinaire, exemplaire de l'attitude de certains animateurs culturels qui n'en sont pas et qui démolissent ce qu'on leur confie. Pour avoir servi pendant de longues années la culture et le service public, je peux témoigner que des centaines de fonctionnaires de ce département font un travail remarquable et pourtant, il suffit d'une brebis galeuse dans un seul espace pour démolir le travail de patience et de proximité de tous les autres.
Contrer les forêts de l'ignorance...
Devant cette lamentable situation à El Abdellia, je ne me suis pas tu et ne me tairai pas. Ceci afin que la tutelle sache ce qui se passe dans son dos et aussi pour rappeler à l'ordre ces promoteurs d'incurie et de désertification culturelle qui prennent en otage un fleuron comme notre Abdellia... Qu'une enquête soit diligentée et que le bon sens finisse par prévaloir. Sinon, face à ces incuries, la culture restera un pépiement solitaire dans la vaste forêt de l'ignorance et des intégrismes qui finissent par basculer dans l'horreur terroriste que, tous ensemble, nous combattons...

H.B.




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