Tunisie : Quelle rentrée ?

Tunisie : Quelle rentrée ?
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Tunis Hebdo | Maintenant que les soubresauts de l’été avec la préparation de ce fameux gouvernement d’union nationale, et toutes ses péripéties qui ont précédé et suivi sa naissance, et que les « festivités » de l’Aïd et tout ce qui s’ensuit, sont entièrement « enterrés », la rentrée est venue réveiller tout le monde sur la réalité de notre pays, les exigences et les défis qui l’attendent pour tenter de se remettre sur la voie de la reconstruction et du développement. La rentrée se présente sous ses différents volets. Il y a la rentrée gouvernementale, la rentrée politique et la rentrée scolaire et universitaire.
L’année de la réforme scolaire
Nous commençons par cette dernière pour dire que c’est l’année de la réforme de Néji Jelloul. Les premiers pas dans cette direction ne sont pas négligeables quoique encore assez flous quant à leur consistance et leur contenu. Les premiers changements intervenus se rapportent à quelques aspects de forme qui auront probablement un impact certain sur la qualité de l’enseignement dans quelques années. La première est celle qui se drape dans des habits sociaux et qui consiste à assurer à la fois le transport et la nourriture pour des milliers de gosses dans les écoles, notamment dans les régions défavorisées. Une mesure qui devrait garantir une forme d’égalité entre des gamins dont le seul « tort » est parfois d’avoir des parents qui n’ont pas les moyens de leur assurer le minimum vital ou vivant dans des régions délaissées depuis des temps immémoriaux ! Sur ce plan, la communauté nationale doit se situer dans une vision prospective et se montrer « généreuse » afin d’investir dans ses enfants, leur éducation et leur savoir pour leur redonner l’espoir et la conviction que la voie du salut passe par les bancs de l’école. Il faut espérer que la société civile se mobilise également pour contribuer à cet effort. Le second changement concerne la révision des manuels scolaires de la première et de la deuxième année primaire qui se sont fondés, nous dit-on, sur l’intégration des notions de citoyenneté et des compétences de vie.
La suppression des 25% du Bac
Sur ce plan, il s’agit d’approfondir davantage la réflexion et de faire en sorte que l’école demeure un lieu où l’on apprend un enseignement moderne, générant certaines nobles valeurs à l’instar du patriotisme, de la solidarité, de l’intérêt général mais aussi de l’ambition et des aspirations de grandeur pour eux et leur pays, mais aussi les principes universels d’humanisme, de tolérance et de démocratie. Le troisième changement est la suppression des 25% du Bac, une mesure qui remet les choses à leur place et constitue un pas de plus vers l’égalité des chances entre les élèves. Elle devrait redonner à cet examen tout son sens et sa dimension, et participer à l’amélioration du niveau de l’enseignement à tous les étages. Enfin, une petite remarque concernant le calendrier scolaire. Il s’agit d’une formule qui a été déjà expérimentée à un certain moment dans notre pays avant d’être abandonnée quelques années plus tard. Sans entrer dans la polémique se rapportant à ses véritables visées idéologiques, il n’est pas certain que ce changement ait une quelconque relation avec la qualité de l’enseignement ou des exigences pédagogiques…
Youssef Chahed tarde à prendre les premières mesures
La rentrée gouvernementale est, quant à elle, bien lancée quoique Youssef Chahed et son équipe tardent encore à prendre les premières mesures qu’ils ont promises lors de leur investiture. Mis à part une apparition populiste dans les souks de Tunis, une idée de « com » saugrenue parce qu’elle sonne trop faux, on attend autre chose de Youssef Chahed que cette volonté qu’on lui prête de geler les salaires des agents publics, un pas qui risque d’embraser davantage la situation sociale. Aucune mesure concrète n’a été prise, aucun pas n’a été encore fait ni dans un sens ni dans un autre. Certes, le nouveau code de l’investissement vient d’être adopté par l’Assemblée des Représentants du Peuple, mais à quoi peut-il servir dans l’immédiat ? Il lui faudrait des mois avant d’entrer réellement en vigueur, ceci indépendamment de ses véritables retombées. Autrement dit, ce n’est pas un simple texte de loi qui va changer la face du pays ou la donne économique ou encore ce mouvement au sein du corps des gouverneurs. Le peuple et le pays ont aussi, et surtout, besoin de sentir cet acharnement à consentir les efforts nécessaires, cette formidable volonté, cette farouche opiniâtreté et cette indomptable obstination des responsables à aller dans le sens de l’histoire et sur le chemin de la relance et de la réhabilitation, afin de les imiter et les suivre dans leur quête de ce renouveau du pays.
La rentrée politique s’annonce plutôt mouvementée
Mais, et de ce côté-là, aucun « enthousiasme » ne transparait, aucun élan mobilisateur n’a été encore créé, le seul à même de soulever cette lame de fond au sein d’une population aujourd’hui sans aucun objectif et sans aucune vision, sinon de lendemains qui déchantent ! Or, cela ne peut se faire avec un « chef » qui se terre à la Kasbah ou qui « promet » une perpétuation de l’ordre établi, les mêmes « damnés de la terre », étant ceux qui seraient éventuellement appelés à faire des sacrifices. Quant à la rentrée politique, elle s’annonce plutôt mouvementée pour tous les partis politiques de la place. Ils sont tous traversés par de profondes divergences, la seule différence entre eux réside dans leur manière de les gérer. Certains le font dans la discrétion la plus totale en raison de la forte hiérarchie qui caractérisent leur organisation quoique elle est de plus en plus remise en cause (les Islamistes d’Ennahdha), d’autres commencent à laisser entrevoir quelques nouvelles pistes pour tenter de se relancer (Front populaire) alors que Nidaa Tounès poursuit sa longue course vers la désintégration totale et l’implosion finale. Les conflits continuent de plus belle ; et la vorace ambition des uns et des autres, ou l’ardeur investie par certains pour mettre totalement la main sur le parti et avoir une emprise totale sur ses (fragiles) structures n’ont jamais été aussi « hystériques ». Le « vainqueur » de ces luttes intestines se retrouvera probablement avec un squelette sans aucune consistance, ni influence ; alors que le pays perdra, sans aucun doute, un parti qui avait engendré à l’époque un engouement réel, par ailleurs rapidement déçu par la gestion politique et gouvernementale des victoires électorales…

L.L.




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