Cessons de rêver !

Cessons de rêver !
National
print



Tunis Hebdo | Il y a, paraît-il, des gens qui ne rêvent jamais. C’est impossible, rétorquent les spécialistes, on ne peut pas ne pas rêver. Il y a seulement des individus qui oublient complètement les rêves qu’ils ont faits et croient donc qu’ils ne rêvent jamais. Pour moi, cela revient au même : quand on ne se souvient pas de ses rêves, c’est comme si on n’avait jamais rêvé. Un rêve que l’on arrive pas à reconstituer, complètement ou partiellement, n’existe pas tout simplement, même si notre cerveau l’a fabriqué, à notre issu. Si ma théorie est juste, et en toute modestie, je crois qu’elle l’est, il existe bel et bien des êtres humains qui n’ont pas de rêves. D’un certain point de vue, cela peut présenter des avantages. En effet, si l’on ne rêve pas, on ne risque pas d’avoir de cauchemars, et de vivre donc, dans son sommeil, des moments pénibles, avant de se réveiller dans un état physique et psychique lamentable. D’autre part, si on est privé de rêve, on n’a plus d’appréhension à se faire au sujet de tel ou tel songe, que, à tort ou à raison, l’on croit prémonitoire. Sans le rêve, on cesse de cultiver des illusions et de craindre des déceptions, à cause d’une image furtive apparue en plein sommeil. L’avenir est ainsi appréhendé avec plus d’objectivité et sans préjugé aucun, au grand bonheur de ceux qui ne rêvent pas. Mais pour ces personnes, il reste quand même, comme d’ailleurs pour les gens qui profitent largement de leurs rêves nocturnes, la possibilité du rêve éveillé. Un rêve sur mesure que l’on commande de bout en bout, et dans les moindres détails. Du désir le plus simple à l’utopie le plus extravagante, ce genre de rêve nous permet de compenser nos frustrations, de libérer nos fantasmes, de cultiver notre imagination, d’entretenir nos espoirs, mais aussi d’entrevoir un avenir meilleur si l’on est capable de transformer, plus ou moins, les rêves en réalités. Mais qui peut encore, par les temps qui courent, oser ce genre de rêve éveillé, compensatoire, libérateur et générateur d’espoir ? Avec l’ère soi-disant "post-révolutionnaire", ce rêve a été confisqué aux Tunisiens, sans aucune procédure de quelque nature qu’elle soit. Tout simplement, le Tunisien a décidé de ne plus rêver. Et pour cause ! De quoi va-t-il rêver, pardi ? Et quel bel avenir peut-il envisager lorsqu’il considère l’état catastrophique où le pays se trouve plongé depuis plus de cinq ans ? Des cauchemars, il peut en faire, oui ! Et à gogo ! Tout l’y encourage : la médiocrité des hommes et des femmes politiques, l’état désastreux de l’économie, la corruption rampante, le règne des « mafias », la croissance du chômage, l’absence de projets pour le pays (à part ceux de bader la Tunisie au plus offrant), la chute vertigineuse du dinar, la montée en flèche des prix, et j’en oublie certainement ! Mais en peuple qui ne rêve pas, ou ne fait que des cauchemars à propos de son avenir, est un peuple voué au désespoir. Ceux qui prétendent nous gouverner en sont-ils conscients ? Ou bien s’en fichent-il royalement du moment que leurs rêves personnels ont été réalisés ?

Adel LAHMAR




André Parant juge nécessaire de préserver les acquis démocratiques en Tunisie

Précédent

Tunisie : Plus de 21 mille candidats à la migration clandestine en 2024 !

Suivant