Tunisie : La vigilance toujours de mise…

Tunisie : La vigilance toujours de mise…
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Tunis Hebdo | Pour la première fois depuis trois années, le mois de Ramadan s’est déroulé dans une sorte de sérénité épargnant à notre pays les attaques terroristes fomentées et exécutées par des Islamistes. On se rappelle tous l’assassinat du député à l’Assemblée Nationale Constituante Mohamed Brahmi exécuté par de lâches criminels en 2013, puis la traitre attaque du Mont Chaambi de 2014 qui avait coûté la vie à une quinzaine de nos valeureux soldats surpris au moment de la rupture du jeûne, ou encore l’attentat qui a ciblé l’hôtel Impérial à Sousse en 2015 et qui avait entraîné le décès de 38 touristes à majorité britannique. Cette quiétude retrouvée pendant ce Ramadan, un mois qui est hautement symbolique pour les terroristes pour perpétrer leurs actes odieux et violents, n’est pas le fruit du hasard, et ne signifie aucunement un renoncement des Islamistes à leur tactique terroriste qui vise à leur permettre d’atteindre leur objectif stratégique, celui d’établir le « Califat » dans l’espace arabo-musulman, et pourquoi pas, l’exporter et l’imposer ensuite à l’ensemble de l’humanité. Le fait d’avoir évité des actes terroristes dans nos contrées depuis quelques mois et principalement durant le mois de Ramadan constitue un succès éclatant pour nos forces sécuritaires tous corps confondus. La police, la garde nationale et l’armée ont réalisé ces derniers temps de remarquables efforts et obtenu des succès encourageants dans leur lutte contre le terrorisme. A ce titre, il faut relever que certains faits ont été déterminants dans l’accomplissement de ces succès. Il faut tout d’abord convenir que l’opération de Ben Guerdane a probablement constitué un tournant décisif dans cette lutte contre ces bandes d’assassins. Le degré de préparation, la réactivité et la combativité de nos forces de sécurité avaient décontenancé les assaillants alors qu’ils espéraient pouvoir opérer par surprise. De plus, ils pensaient agir en terrain conquis et ce fut la seconde surprise qui les attendaient avec cette communion et ce soutien de la population aux forces de sécurité malgré la présence de plusieurs terroristes originaires de la région. L’union sacrée entre peuple et forces sécuritaires a été cruciale dans la victoire. Le second fait, non moins important, est cette réussite dans l’anticipation des forces de sécurité qui ont réussi à arrêter des dizaines de terroristes ou d’apprentis-terroristes qui préparaient des attaques et des attentats dont les derniers ont été arrêtés à Sousse et à Kairouan, ou encore à Sidi Bouzid. Ces opérations sont le résultat de deux types d’actions. Le premier est relatif à la réorganisation des services de renseignements que certains avaient démantelés au lendemain du 14 janvier faisant fi de l’Etat et de sa sécurité. Aujourd’hui, ces renseignements ont réussi à rétablir leurs réseaux et ont retrouvé une efficacité certaine qui leur permet de réussir à prendre de vitesse les éventuels terroristes. Le second tient à la contribution active de la population dont la coopération avec les forces de sécurité a permis de mettre ces dernières sur la trace de plusieurs éventuels criminels, de les arrêter ou de les éliminer, voire déjouer leurs sombres desseins. Le troisième fait est tout aussi important puisqu’il se rapporte à l’expérience et au professionnalisme acquis par nos forces de sécurité sur le terrain. La confrontation avec les terroristes leur a permis de faire de remarquables progrès à la fois sur le plan psychologique et mental, et sur le plan technique. Sur le plan mental, nos forces de sécurité se sont imprégnées de cette force morale nécessaire qui permet de dépasser la peur, de maîtriser ses émotions et de se donner sans aucun calcul pour la défense du pays. Sur la plan technique, elle leur a permis d’accélérer leur formation, de mieux dominer les moyens de lutte contre leurs ennemis dans toutes les circonstances, que ce soit dans les cités urbaines (Mnihla, Raoued, Ben Guerdane…etc.), dans les montagnes ou dans les confins du Sahara. Maintenant, et si on peut savourer ces réussites qui contribuent de manière prépondérante dans la relance de certaines activités économiques (tourisme par exemple), il n’en reste pas moins plusieurs questions en suspens et dont le suivi est plus que jamais nécessaire pour mener à terme ce long et difficile combat contre le terrorisme. Sur ce plan, il convient de demeurer extrêmement vigilant à l’égard des terroristes en débandade en Irak, en Syrie ou en Libye, et qui pourraient rentrer en Tunisie pour y poursuivre leurs activités criminelles. Sur ce plan, il est clair que ces individus doivent être systématiquement traqués et mis à la disposition de la justice pour répondre de leurs crimes. Ensuite, il est impératif de suivre avec beaucoup d’attention le développement de la situation en Libye pour être prêt à toute éventualité. Là aussi, les terroristes, ou quelques-uns d’entre eux, pourraient être tentés de se replier vers notre pays. Enfin, il est évident que certains faits peuvent être compris comme étant assez troublants telle cette ultime décision de la part du ministère public de relâcher cinq (sur sept !) parmi les personnes suspectes dans l’affaire de Mnihla ! Sur ce plan, et sans mettre en doute la « sagacité » ou la compétence des uns ou des autres, il nous semble qu’il y ait un dysfonctionnement entre les parties sécuritaires et judiciaires. Soit les premiers ratissent large sans prendre suffisamment de précaution avant de présenter les inculpés à la justice, soit cette dernière n’arrive pas encore à s’adapter à cette nouvelle donne que constitue le terrorisme pour pouvoir l’appréhender sous un angle précis ! Dans tous les cas de figure, et si nous voulons conserver cette avance sur les terroristes, il est impérieux que l’Etat soit de nouveau gouverné de façon rationnelle, retrouve une forme de stabilité et d’efficacité et demeure proche des soucis populaires. Or, et ce que nous constatons ces derniers temps, c’est une forme d’insouciance coupable et d’indifférence meurtrière à l’égard des choses de l’Etat et des exigences de rigueur et de bonne gouvernance de la part, à la fois des institutions et des principaux acteurs politiques. Le courage, l’audace, l’innovation et la vigilance doivent donc être de mise pour se prémunir de tous les dangers qui peuvent guetter notre pays…

L.L.




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