Open Sky : Un plat réchauffé

Open Sky : Un plat réchauffé
National
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Depuis belle lurette qu’on nous ballade d’une date à une autre pour ouvrir le ciel tunisien aux compagnies étrangères et notamment pour les compagnies low cost. Ce sujet embête les responsables du secteur du transport depuis bien avant la pseudo révolution, et le frein a été toujours le même : donner du temps à la compagnie nationale Tunisair pour s’y préparer et se mettre à niveau. Rappelons qu’à l’époque quand les choses allaient à peu près normalement, l’Europe nous pressait de signer les accords et nos responsables négociaient le montant à recevoir de l’UE pour financer cette mise à niveau. A la même époque, notre pavillon national connaissait d’interminables épidémies de lombalgies parmi son personnel, et seuls les jeunes ayant signé des contrats à durée déterminée assuraient le gros du travail chez Tunisair pendant que beaucoup de titulaires baignaient dans un excès de confort ayant provoqué la décadence de la compagnie ! Pourtant, tout professionnel du tourisme vous dirait que l’on ne pouvait continuer à naviguer dans le sens contraire des évolutions internationales, tout professionnel vous dirait que les avantages de l’Open Sky étaient multiples : concurrence positive, flexibilité des prix, augmentation de la fréquence des vols sur la Tunisie, atténuation du pouvoir des TO, développement de l’e-tourisme. Le Maroc qui l’a compris assez tôt a plus que doublé son trafic aérien entre 2006 et 2010 juste après l’ouverture de son ciel, passant ainsi de 560 fréquences par semaine à 1300 pour atteindre près de 16 millions de passagers, faisant au passage de Casa un véritable HUB. Seulement voilà, les conditions ont changé, l’UE n’est plus disposée à nous allouer un quelconque budget pour la mise à niveau de notre compagnie nationale, elle a fourgué à notre ministère de développement économique l’aide globale pour tous les secteurs, et allez demander à monsieur Brahim une quelconque enveloppe, il vous dira que ses caisses sont déjà vides. Sur un autre plan, les compagnies low cost ne font plus la queue pour programmer la Tunisie en raison des problèmes de sécurité. Nous vivons ainsi des déceptions successives, la dernière en date, l’agence fédérale russe qui vient de déconseiller la destination Djerba - Zarzis à ses ressortissants, et ce après tous les youyous claironnés par notre ministère du Tourisme qui annonçait la venue en grande pompe de nos frères russes. Mais chut, il ne faut pas le dire, sauf à vous accuser de trahison. Un autre sujet sous-jacent, le e-tourisme, depuis des années que l’on parle de portail que l’administration du tourisme était chargée de créer, et il faut bien le dire, nous avons des années lumières de retard dans ce domaine, mais là encore les choses bougent et trop vite. L’Espagne qui a été parmi les pionniers dans le domaine, vient de décider la suppression de tous ses portails, pour n’en garder qu’un seul "infospain.com", et pour ne mettre sur ce portail que les produits de l’offre touristique, c'est-à-dire les régions et leurs richesses, ainsi que les agences de voyages qui sont sensées jouer le rôle intermédiaire pour accompagner les clients vers ces produits. Cela revient à dire qu’il n’y aura plus d’hôtels de mentionnés, ne serait-ce pas l’occasion pour nous de reconsidérer notre approche, pour nous mettre à jour dans ce domaine ? Le tourisme est plus que jamais une affaire éminemment politique, et à l’heure où on parle de changement de gouvernement, l’occasion est peut être unique pour séparer l’économique du politique, en nommant un chef de gouvernement qui soit assez calé en affaires économiques, et qui prendrait en mains le secteur du tourisme pour le réformer, lui donner tous les moyens nécessaires, après avoir rassuré les chancelleries sur le facteur sécuritaire. Car ce n’est plus l’échec de Tunisair qui se profile, mais l’affaiblissement durable de toute l’économie tunisienne ! Il faut le redire, le marteler jusqu’à soif, la liste des lacunes et des errances est bien longue, et jusqu’à présent, on ne nous a sorti que des agitations fiévreuses autour de ce secteur agonisant !

Zouhair Ben Jemaa




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