Tunisie : Le secteur textile-habillement perd le fil… et l’aiguille !

Tunisie : Le secteur textile-habillement perd le fil… et l’aiguille !
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Tunis hebdo | Ces quatre dernières années, le secteur textile-habillement a perdu 40 mille emplois après la fermeture de 300 entreprises. La fédération nationale des textiles a lancé un cri de détresse.
Le secteur textile-habillement, l’un des fleurons de l’industrie tunisienne, périclite dangereusement. Il n’y a pas mieux que les chiffres pour illustrer cette régression. En 2010, ce secteur employait 210.000 personnes, en 2014 l’effectif a régressé de 16% à 180.000 personnes. 30 mille emplois ont été ainsi détruits. Toujours en 2010, il y avait 2150 entreprises opérant dans le secteur. En 2014, elles ne sont plus que 1760, soit une baisse de 22%. En 2010, la Tunisie était le 5ème fournisseur en vêtements de l’UE. En 2014, elle a perdu quatre positions. Désormais, nous sommes 9èmes.
Les raisons du déclin…
Pour connaître les raisons qui sont derrière cette léthargie, nous avons posé la question à Samir Ben Abdallah, président du Groupement Professionnel de la confection et de l’habillement (GPCH) relevant de la Conect. "Les raisons sont assez complexes, dit-il, et il est difficile de les exposer en peu de temps. Mais disons que les deux facteurs primordiaux sont la baisse de la demande au niveau mondial et la baisse, également, de la compétitivité des entreprises tunisiennes opérant dans ce secteur par rapport aux entreprises des pays asiatiques.
"Le Pakistan, le Cambodge, le Vietnam, le Sri Lanka et le Bangladesh nous ont surclassés au niveau de la compétitivité."
Le Pakistan, le Cambodge, le Vietnam, le Sri Lanka et le Bangladesh nous ont surclassés sur ce dernier point, notamment. L’offre tunisienne s’est focalisée traditionnellement sur le coût relativement bas de notre main-d’œuvre. Aujourd’hui, cet avantage comparatif, ce sont désormais les pays asiatiques qu’ils mettent en exergue." La baisse de la compétitivité est-il le seul facteur qui compromet l’élan du secteur et lui fait perdre des marchés ? Non, répond Samir Ben Abdallah : "Nous devons nous pencher sur d’autres questions, celle de la sous-traitance par exemple à laquelle nos entreprises ont du mal à s’extirper.
"Nous devons accéder au stade de la co-traitance pour devenir des partenaires à part entière afin que nous puissions offrir un produit fini et un label propres à nous"
Nous devons accéder au stade de la co-traitance pour devenir des partenaires à part entière afin que nous puissions offrir un produit fini et un label propres à nous. Il faut également renégocier les Accords sur le Textile et la Confection avec l’UE. La Commission Européenne nous impose des Certificats d’origine et des barrières douanières qui nous pénalisent en termes de compétitivité." Les pouvoirs publics sont-ils dans l’obligation de réagir ? Sans trop tarder, insiste notre interlocuteur. ‘’Les pays asiatiques subventionnent leur production, affrètent des avions pour le transport de leurs marchandises pour le reste du monde, alors que nous, nous continuons à utiliser la voie maritime avec les impondérables qui vont avec…’’
Les recommandations…
Que doit-on faire pour que le secteur textile-habillement reprenne sa position de choix tant au niveau national qu’international ? Samir Ben Abdallah parle d’une stratégie de relance, la seule qui puisse sauver le secteur. Les moyens et les outils, dit-il, existent et sont à portée de main, il suffit juste de les mettre en œuvre. Des recommandations en six axes :
  • Une amnistie fiscale avec rééchelonnement des dettes et l’abandon des intérêts et des arriérés pour les entreprises en difficultés.
  • Actionner auprès des banques commerciales les mécanismes de financement en amont et en aval dans le secteur et ce par des opérations d’assainissement financier aussi bien pour les entreprises en difficultés que pour celles souhaitant s’orienter vers la fabrication de produits à plus haute valeur ajoutée.
  • Réviser vers la hausse les budgets réservés à la promotion du secteur à l’échelle internationale.
  • Rechercher de nouvelles sources d’approvisionnement et de nouveaux marchés porteurs à travers la mise en place d’autres accords de libre échange (USA, Algérie…).
  • Réadapter les programmes de formation professionnelle pour satisfaire les besoins d’une main-d’œuvre qualifiée et spécialisée et d’un encadrement adéquat.
  • Coordonner les différentes offres des organismes d’appui afin qu’elles soient plus cohérentes.
Ces recommandations sont pertinentes et de haute couture, encore faut-il que les pouvoirs publics prennent le pli !

Chahir CHAKROUN




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