Où est l’autorité de l’Etat ?

Où est l’autorité de l’Etat ?
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Tunis hebdo | La souveraineté de l’Etat est une question primordiale pour sa continuité, sa crédibilité, son statut et son honneur. Ce concept est toutefois considéré comme anachronique par certaines gens dont le patriotisme s’efface devant leurs liens de dépendance avec l’étranger, et à des forces, nationales ou internationales, occultes. Bien d’acteurs de la scène politique tunisienne ou de la société civile, et non des moindres, agissent dans le cadre d’agendas qui n’ont rien à voir avec les intérêts nationaux et ceux du peuple. Et il est clair que la souveraineté de l’Etat demeure une condition incontournable pour instaurer des politiques publiques dont l’objectif est exclusivement tourné vers la garantie de la sécurité des personnes, des biens et des frontières, mais aussi vers le développement économique et social global touchant toutes les classes et toutes les régions du pays. Dans cet esprit, les autorités chargées d’assurer et de protéger cette souveraineté ont des missions et des fonctions ayant un caractère spécial, particulier par rapport aux autres services publics. Car elles sont fondamentales pour préserver à la fois les autres institutions étatiques mais aussi l’ensemble de la société. Et leur statut, vu leur importance, est tout aussi spécifique et obéit généralement à un régime différent des autres corps de l’Etat. Ainsi, les magistrats ou les forces de sécurité figurent parmi les piliers de l’exercice et de la protection de cette souveraineté nationale. Si nous abordons le dossier de la magistrature, avec toutes ses spécialités, celle-ci est désormais clairement considérée comme un pouvoir indépendant, la Constitution lui attribuant ce statut avec pour mission l’instauration de la justice, la garantie de la suprématie de la Constitution et de la loi, et la protection des droits et des libertés des citoyens. L’indépendance des magistrats, par rapport au « politique » et aux intérêts économiques, est une condition fondamentale pour le bon exercice de la justice. Cette indépendance est aussi tributaire de l’organisation du fonctionnement de la justice. Sur ce plan, il est clair que l’Instance Provisoire de la Magistrature a réalisé, depuis son installation, du bon travail pour assurer la bonne marche de la justice, principalement dans la gestion de la carrière des magistrats. En passant en revue ses années d’exercice, son bilan n’est pas négligeable, se montrant à la fois rigoureuse et impartiale dans le traitement des dossiers et des cas de leurs collègues. Certains magistrats ont fait l’objet de sanctions disciplinaires, d’autres ont vu leur immunité levée alors que certains, preuves à l’appui, ont été blanchis. Tant mieux que cette Instance ait rempli sa fonction de la meilleure manière possible. Mais, maintenant, il conviendrait que notre « vénérable » assemblée des représentants du peuple assume ses responsabilités et respecte les dispositions transitoires de la Constitution qui avaient établi un délai maximal de six mois pour la mise en place d’un Conseil Supérieur de la Magistrature permanent. Une fois concrétisé, ce Conseil, permettrait de donner le jour à la Cour Constitutionnelle et d’améliorer davantage le fonctionnement de la justice pour assurer et garantir les droits de tous les justiciables. Quant aux forces de sécurité publique, leur dernière manifestation à la place du gouvernement a porté un rude coup à leur image, alors que celle-ci commençait à se rétablir au sein de la population grâce à un changement perceptible, quoi qu’encore insuffisant, dans leur comportement général et à leur relative réussite dans la lutte contre le terrorisme. Il s’agit, nous semble-t-il, d’essayer de bien cerner le problème. Commençons d’abord par dire que le comportement agressif et violent, suivi de l’intrusion des manifestants à l’intérieur du siège du Premier ministère, ou les slogans hostiles et politisés scandés, constituent, à notre humble avis, une attitude dangereuse, voire « putschiste ». De ce point de vue, ce comportement est non seulement condamnable mais doit donner lieu à de très sévères sanctions de toutes sortes à la fois disciplinaires et même pénales. En second lieu, il est évident que ce comportement est celui d’un seul syndicat, celui des forces de sécurité intérieure, lequel a été condamné par les autres syndicats. Ce qui est grave dans ce contexte, ce sont les accusations claires et sans détour de Sahbi Jouini à l’encontre de certains « hauts cadres » du ministère et de certaines forces, y compris des forces politiques, occultes. Maintenant, il convient de s’interroger sur certains points fondamentaux. D’abord, la réaction du gouvernement, quoique ayant décidé d’exercer son droit de poursuivre les fautifs devant la justice, est insuffisante, voire molle. Il nous semble qu’en de pareilles et très graves circonstances, une suspension immédiate des fautifs de leurs fonctions est la première mesure nécessaire à prendre avant de les déférer ensuite devant le Conseil de discipline et devant la justice. Nous n’avons pas cessé de dire que cette équipe ne brille ni par son caractère ni par son audace. Et elle vient d’en donner une nouvelle preuve qui ne fait que l’affaiblir aux yeux de l’opinion publique. Ensuite, il convient de clarifier certains points relatifs au syndicalisme d’une manière générale et du syndicalisme au sein des forces de sécurité intérieures d’une manière particulière. Il nous semble que le syndicalisme est visé en tant que phénomène que certains veulent éradiquer pour « sauver » le pays. Les ennemis du syndicalisme sont nombreux et agissent dans plusieurs milieux politiques, administratifs, médiatiques et économiques. L’UGTT a un rôle important à jouer sur ce plan, et ce qui se produit dans le secteur de la santé par exemple, à Sfax notamment, n’est pas pour l’aider à instaurer une image positive. Une réflexion syndicale approfondie s’impose ! Quant au syndicalisme au sein des forces de police, il est garanti par la Constitution. En revanche, ce qui n’est pas garanti, c’est le droit de grève, logiquement interdit aux forces de sécurité, et ce qui peut lui être assimilé comme les diverses manifestations publiques. Un syndicalisme policier sain se fait dans les arcanes des bureaux de l’administration face à des responsables crédibles et non dans la rue. Car la pérennité de l’Etat et sa stabilité, et dans un contexte comme le nôtre, exigent des forces de sécurité intérieures efficaces, neutres et loyales.

L.L.




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