Daech aux portes de la Tunisie ?

Daech aux portes de la Tunisie ?
Chroniques
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Comment mettre en doute la parole du magistrat suprême, du chef de l'Etat en personne, lorsqu'il affirme que Daech est aux portes de la Tunisie ? C'est en effet le président de la République tunisienne qui vient de déclarer que Daech se rapprochait dangereusement de notre pays alors que ce groupe terroriste renforce son implantation en Libye, plus précisément à Sabratha, à 70 km des frontières de la Tunisie. Péril imminent ou fleur de rhétorique ? L'avertissement de Béji Caid Essebsi n'est-il que vaines paroles ou bien faudrait-il que nous sortions de notre léthargie pour nous rendre compte de la réalité du danger ? Un danger aux multiples visages car, dans le sud tunisien, du côté de Ben Guerdane, takfiristes et contrebandiers règnent sur des filières qui poussent des jeunes Tunisiens dans les bras des jihadistes en Libye.
Entre centre mou et islamisme flou
Simultanément, ce n'est plus un secret pour personne désormais que des cellules dormantes, profondément enfouies dans l'anonymat, attendent la maturation des conditions objectives pour nous porter des coups. Cet ennemi intérieur est toujours tapi, aux aguets, prêt à nuire, harceler et détruire. Cet ennemi intérieur constitue le plus imminent des dangers et, d'ailleurs, son existence justifiait il y a peu l'instauration d'un état d'urgence qui vient - est-ce une erreur ? - d'être levé. Dans ce contexte périlleux, parler des maquisards du Chaambi et du retour des jihadistes du front syrien ressemble fort à une dissertation sur le sexe des anges... La Tunisie est en danger, en péril de guerre imminente. Toutefois, personne ne semble s'en rendre compte, tout le monde préfère ignorer la réalité et parler d'élan révolutionnaire. Pourtant, il suffirait de songer à Jean Jaurès qui affirmait: "Pour aller à l'idéal, il faut d'abord comprendre le réel"... Alors que notre gouvernement peine à engager les réformes à cause des urgences qui s'accumulent, il est temps de parler vrai au pays, comme vient de le faire Béji Caid Essebsi ! Peut-être cela réfrènera-t-il quelques ardeurs et retrousser quelques manches ? Peut-être cela fera-t-il cesser les gesticulations politicardes entre centre mou et islamisme flou ? Peut-être cela servira-t-il de piqûre de rappel devant nos démissions, la mesquinerie de nos buzz ou notre frénésie de consommation ?
"Daech ad portes"
En d'autres temps, les Romains assiégés par les troupes de Carthage s'exclamaient: "Hannibal ad portes" ! ("Hannibal est à nos portes"). A notre tour de pousser le même cri de ralliement face à ceux qui ont déjà frappé plusieurs fois, ont fait plus de deux cents victimes et se sont rendus célèbres par leurs massacres, leurs exécutions sommaires et leur barbarie sans bornes qui continue à faire reculer la frontière de l'humanité... "Daech ad portes" nous assène le premier président bien élu de notre jeune république aujourd'hui visée par les cheikhs esclavagistes et leurs laquais terroristes. "Daech à nos portes" alors que l'islam politique et la gauche médusée continuent à flirter avec le diable contre quelques deniers de Judas... "Daech ad portes" pour que cessent les impostures et se lève enfin la Tunisie, la vraie Tunisie. celle qui tourne le dos aux démagogues, aux traitres, aux lâches et aux valets des potentats du pétrole. Encore une fois, en mettant le doigt sur le péril qui nous guette, Beji Caid Essebsi nous met face à nos responsabilités, nos débats étriqués sur la vengeance et la réconciliation et nos fuites en avant qui font passer des vessies dégonflées pour les lanternes du progrès.

Hatem Bourial




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