Vol au-dessus d’une porte de Tunis

Vol au-dessus d’une porte de Tunis
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Tunis Hebdo | "Qui vole un œuf vole un bœuf", affirme un proverbe français… Et qui vole une porte ? Bien, ça dépend de quelle porte. Et si c’était la porte de Bab Jedid, qui, selon un brave citoyen, aurait disparu de la circulation depuis quelques années, sans que personne ne bouge le petit doigt ou ne crie au voleur. Si c’est comme ça, qui vole une porte mérite vraiment un grand coup de chapeau ! Car la porte de Bab Jedid, c’est pas du carton-pâte, comme l’on en voit au cinéma, mais plutôt du poids "super-lourd", si l’on se réfère au vocabulaire de la boxe. Et pour subtiliser une porte de cette envergure, il faut avoir la force d’un Hercule ou la ruse d’un Achille. Ou bien, tout simplement, une équipe de gaillards munis de l’outillage nécessaire pour démonter et charger au bord d’un poids-lourd la porte visée. Mais tout cela dans un quartier qui ne désemplit ni de jour ni de nuit, un quartier qui dort très tard, avec les gargotes de "lablabi" et de "hargma", juste en face de la Porte, et le café du Club Africain tout proche ? Il y a certainement un «truc», comme l’on dit dans le jargon des illusionnistes ! "Elémentaire, mon cher Watson !", vous répondrait Sherlock Holmes si vous lui posiez la question, comme le faisait si souvent son bon compagnon, le Docteur Watson dans le roman de Sir Arthur Conan Doyle. On peut toujours amener des soi-disant camions de l’Institut national du patrimoine, par exemple, et prétexter une quelconque opération de sauvegarde de la porte qui nécessiterait son transport aux ateliers de l’Institut. Et le tour est joué ! Puis, entre nous, qui va penser, parmi les passants, qu’on était en train de voler la porte de Bab Jedid, c’est vrai qu’on a volé la Tour Eiffel, mais c’était de la science-fiction (Léon Groc, 1923). La réalité, c’est autre chose. Mais ne nous perdons pas en conjectures ! L’affaire du vol de Bab Jedid a été officiellement démentie. Selon les "démenteurs", il n’y a jamais eu de porte à Bab Jedid depuis longtemps déjà (Bab Jedid était sans «bab»). Comment peut-on alors voler une porte qui n’existerait pas ? Ce serait du pur surréalisme, un peu dans le genre "enfoncer une porte ouverte".Le problème est donc clos, comme l’était la porte de Bab Jedid, la nuit, du temps des Beys. D’accord ! Mais que dire alors de celui qui vole une émeraude. Ben, ça dépend de quelle émeraude. Et si c’était une émeraude beylicale, qui était jalousement gardée au Palais présidentiel de Carthage ? Là, il ne peut s’agir que d’un Arsène Lupin "made in Tunisia", spécialiste du cambriolage des coffres-forts. A moins que… Mais non, je n’oserai pas. A vous donc d’imaginer toutes les autres hypothèses ! Moi, ce qui me chiffonne, par contre, c’est que la chose s’est passée dans un lieu où loge notre président (dans l’absolu, et je ne personnifie pas). Et dans ce cas, permettez-moi de dire, en pastichant le proverbe français cité ci-haut : "Qui vole une émeraude peut nous voler notre Président !". P.S. : Les cinéphiles parmi nos lecteurs auront certainement relevé que le titre de cette chronique a été "volé" à un film de Milos Forman, intitulé "Vol au-dessus d’un nid de coucous", où Jack Nicholson a brillé de mille feux… Mais surtout, ne dites pas : "Qui vole un titre, vole un article !".

Adel LAHMAR




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