Lois scélérates, racisme anti-arabe et hospitalité tunisienne

Lois scélérates, racisme anti-arabe et hospitalité tunisienne
Chroniques
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Dans la Tunisie de Béji Caid Essebsi et de Rached Ghanouchi, vice-président en puissance d'une république boiteuse, on emprisonne les jeunes parce qu'ils transportent des canettes de bière dans la malle de leur voiture et on vire les gens du restaurant car ils pourraient déshonorer leur religion en buvant un coup en catimini dans l'espace public devenu nahdhaoui malgré lui...
Un Tunisien local, un autre binational et son épouse européenne
Je voudrais vous raconter la scène de racisme banal, stupide et ordinaire dont a été la victime un mien ami qui eut la malencontreuse idée d'inviter un couple mixte à déjeuner le deuxième jour de l'aid.Les faits se sont déroulés autour de 14h sur la terrasse d'un restaurant huppé de Gammarth, le seul qui était ouvert en ce jour férié. En effet, c'est en désespoir de cause, après avoir essayé La Goulette, Carthage et la Marsa, que le trio victime de cette mésaventure s'est retrouvé à Gammarth, dans un lieu plutôt cher, plutôt chic et tout à fait réputé. C'est au téléphone que le dit resto a été repéré. La réservation faite, les trois amis se sont dirigés vers cette terrasse qui promettait d'être ombragée, par cette belle matinée du vendredi. Le trio se composait d'un Tunisien "local", d'un Tunisien binational et de son épouse européenne. Dès l'arrivée au restaurant, le maître d'hôtel a accueilli le trio d'un sec "Nous ne servons pas d'alcool". Une affirmation plutôt mensongère car plusieurs tables étaient garnies de seaux à glace avec leurs bouteilles de vin blanc. Mais passons...
"A la rigueur, prenez des tables séparées"!
Le trio s'installa. La carte fut présentée. La commande presque passée mais l'incident n'allait pas tarder. En effet, la dame demanda du vin. Le commis lui répondit tout de go: "Je peux à la grande rigueur vous donner un demi" (sic). Etrange ! Le commis se lança dans une explication abracadabrantesque et alla même jusqu'à dire qu'il servirait du vin si la dame restait seule à table et que ses compagnons allaient s'asseoir à côté, autour d'une autre table ! Le trio demanda le registre de réclamations pour consigner l'incident. Les responsables furent incapables de trouver le registre qui, dirent-ils, était dans le bureau fermé du patron. Le maître d'hôtel invoqua la loi qui interdit de servir du vin aux "arabes" les jours fériés. Les "arabes" répliquèrent qu'ils ne comptaient pas boire et demandèrent pourquoi les gens buvaient à table. On leur répondit qu'ils étaient étrangers, ce qui ne se voyait pas sur leurs visages, à condition de servir les gens à la gueule.
La schizophrénie se porte bien, merci...
Bref, on en vint presque aux mots mais on resta poli et le trio quitta le restaurant dépité et horrifié par cette hospitalité tunisienne et par ces lois scélérates qui écrasent les locaux et les humilient à tout bout de champ. Ils en furent quitte pour leurs sous car ils atterrirent au Saf Saf et leur déjeuner, sandwiches et chips, ne leur coûta qu'une douzaine de dinars. Au delà, ils se souviendront tous les trois du racisme ordinaire et de l'islamisation fanatique et feutrée qui guette une Tunisie qui se vautre dans l'hypocrisie et la schizophrénie les plus élémentaires. En effet, il n'aura échappé à personne que la veille de l'Aid, tout un pays faisait la queue pour acheter le vin et la bière nécessaires à la fête de l'Aid. Puis, le lendemain, on vire les gens d'un restaurant touristique à cause de leur "gueule d'arabe"... De quoi rire et pleurer à la fois...

Hatem Bourial




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