À l'occasion de la Journée nationale de la femme et du 59e anniversaire de l'adoption du Code du statut personnel (CSP), ce jeudi 13 août 2015, 12 organisations tunisiennes ont accusé dans un communiqué conjoint les autorités de manquer de "volonté réelle" en matière d'amélioration des droits des femmes.
"Nous exprimons notre extrême préoccupation en raison de l'hésitation à mettre en application les articles de la Constitution consacrés à la parité, à l'égalité et à la criminalisation de la violence et de la discrimination envers les femmes", dénoncent les organisations signataires*.
La nouvelle constitution stipule en effet que "les citoyens et les citoyennes sont égaux en droits et en devoirs" (article 21), et détaille les obligations de l'État envers les femmes :
[quote_box_center]"L'État s'engage à protéger les droits acquis de la femme et oeuvre à les renforcer et à les développer. L'État garantit l'égalité des chances entre la femme et l'homme quant à l'accès à toutes les responsabilités et dans tous les domaines. L'État oeuvre à réaliser la parité entre la femme et l'homme dans les assemblées élues. L'État prend les mesures nécessaires en vue d'éliminer la violence contre la femme." (Article 46 de la Constitution)[/quote_box_center]
Le projet de loi contre les violences faites aux femmes toujours pas adopté
Les ONG rappellent ainsi que le projet de loi relatif à la lutte contre les violences faites aux femmes, élaboré sous le gouvernement de Mehdi Jomaâ, n'a toujours pas été adopté, alors qu'un rapport de l'Union européenne publié en août 2014 indique que plus de la moitié des femmes tunisiennes ont déjà été victimes de violences. Quant à l'objectif de parité mentionné dans la Constitution, il est aujourd'hui loin d'être atteint. L'Assemblée des représentants du peuple (ARP) compte aujourd'hui 68 femmes sur un total de 217 députés, et trois femmes seulement occupent des postes de ministres dans le gouvernement de Habib Essid, contre 24 hommes.Absence de parité au sein de la classe politique
Le président de la République Béji Caïd Essebsi et son parti Nidaa Tounes avaient pourtant fait de la défense des droits des femmes l'un de leurs principaux thèmes de campagne lors des dernières élections législatives et présidentielle. Le faible nombre de femmes au sein des instances dirigeantes des partis politiques a d'ailleurs été dénoncé sur les réseaux sociaux hier, mercredi 12 août, après la publication d'une photographie montrant Habib Essid recevant des représentants des partis de la coalition au pouvoir :Réunion préparatoire de la Journée de la femme ? #Parité #Modernisme Posted by Seïf Soudani on mercredi 12 août 2015
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