Attentat de Sousse : 2 à 3 minutes ou 45... Quand, les forces de l'ordre sont-elles arrivées sur place ?

Attentat de Sousse : 2 à 3 minutes ou 45... Quand, les forces de l'ordre sont-elles arrivées sur place ?
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L’attentat de Sousse marquera le neuvième jour de Ramadan 2015 laissant diverger les opinions à propos des péripéties de ce massacre qui a coûté la vie à 38 touristes.
Abu Yahya Al Kairaouani, c'est comme cela que Seifeddine Rezgui était surnommé par Daech qui a revendiqué l'attaque terroriste. L'auteur de l'attaque, un jeune étudiant de 23 ans, apparait dans l’une des vidéos filmées par un touriste témoin et diffusée sur TF1 ainsi que sur Sky News, acharné, attaquant sans pitié les touristes, sa cible unique. En effet, plusieurs témoignages rapportent que le jeune terroriste s’est focalisé sur les touristes présents sur la plage sur lesquels il tirait pêle-mêle.
Les femmes visées aux jambes... les hommes à la tête
Kirsty Murray, une touriste anglaise qui a été blessée, déclare à un journal Britannique qu’il n’y avait pas qu’un seul terroriste qui tirait au moment de l’attaque, elle affirme qu’il y avait un autre homme portant une arme différente de celle de Seifeddine Rezgui, et que celui-ci lui a tiré sur les jambes. Elle précise qu’"il tirait sur les femmes aux jambes et les hommes à la tête". Parallèlement, des publications sur les réseaux sociaux se demandent si l’accès à la plage est si facile que le terroriste, armé d’un parasol en plus de sa kalachnikov, a pu filer et causer un massacre en un temps record sans qu’un seul agent de sécurité n'intervienne sur les lieux au moment propice. En réponse à ces interrogations, le ministre de l’Intérieur, Najem Gharsalli, a indiqué dans l’une de ses déclarations, qu’il s’agit d’un vide sécuritaire favorisé par certaines parties, sans les nommer. Il rajoute qu’une stratégie de redéploiement sera mise en œuvre par le ministère. Le ministre ne se passe pas de promettre l’engagement des forces de l’ordre à ne plus permettre à "ces parties" d’agir dans l’impunité, et que la loi sera appliquée contre tous ceux qui s’opposent aux principes de la constitution. En contrepartie, Hamma Hamami, le secrétaire général du front populaire considère dans une déclaration à l’agence TAP, que l’attaque terroriste revient principalement à des failles sécuritaires dans le pays. C’est d’ailleurs ce que beaucoup de témoins, habitant à proximité de l’hôtel ou présents sur place le jour de l’attentat, confirment en s’étonnant du temps écoulé entre le début de l’attaque et la mort du terroriste sans l’intervention efficace des forces de l’ordre.
Contradictions entre témoignages et déclarations officielles
Dans une déclaration faite sur les ondes de Shems FM hier, le ministre de l'Intérieur, Najem Gharsalli, épingle la direction de l'hôtel qui n'a pas averti les forces de l'ordre à temps. Selon lui, il y a eu un dysfonctionnement commun dans le traitement de cette attaque entre le service de sécurité de l'hôtel et les forces de l'ordre. Le ministre indique avoir été informé de l'attaque par la propriétaire de l'hôtel, Zohra Driss et que cette dernière l'a appelé directement sur son téléphone personnel, mais que les services de sécurité de l'hôtel n'ont pas alerté les forces de l'ordre depuis les premières minutes de l'attaque, a-t-il indiqué dans une déclaration à Mosaique FM. De son côté, Zohra Driss, propriétaire de l'hôtel, a déclaré que les agents de sécurité de l'hôtel ne sont pas armés et qu'ils étaient incapables de s'opposer au terroriste armé d'une kalachnikov. Elle dit avoir informé le ministre de l'Intérieur de l'incident et que l'intervention des forces de l'ordre à été effectuée quelques minutes (2 à 3) après son appel.
Des témoins oculaires
Ceci vient cependant en contradiction avec certains témoignages de personnes ayant vécu la scène de près. Ils indiquent qu’il y a eu un retard des forces de l’ordre, alors que le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Mohamed Ali Laroui a indiqué aux agences de presse que les renforts étaient là 7 à 8 minutes après le début de l’attaque. Mais Amir Ben Hadj Hassine, un jeune qui était sur place au moment de l’attaque terroriste, a publié sur sa page Facebook un texte relatant ce qui s’est passé en détail accusant même les forces de l’ordre d’être venues en retard et de ne pas avoir contribué à sauver la situation. Il indique que deux agents de la Garde nationale maritime sont arrivés 5 minutes après le début de l’attaque mais qu’ils n’ont pas osé intervenir, l’un d’entre eux d’ailleurs, est resté immobile sur le sable et craignait d’entrer dans l’hôtel, selon Amir. Il ajoute que les forces de l’ordre ne sont venues qu’à la fin du massacre, après environ 45 minutes. En attendant que la date de la prochaine conférence du ministre de l’Intérieur soit fixée, on espère qu’elle lèvera toute ambigüité sur ce qui s’est réellement passé.

Afef Toumi




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