Adel Sghaier : "Amener d’excellents joueurs américains en Tunisie permettra l’afflux des enfants à vouloir pratiquer le basketball"

Adel Sghaier : "Amener d’excellents joueurs américains en Tunisie permettra l’afflux des enfants à vouloir pratiquer le basketball"
Sport
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Médaillé d'or aux Jeux Africains de Lagos en 1973 et champion arabe en Tunisie en 1981, Adel Sghaier, une des gloires du basketball tunisien durant les années 70-80 a fait vibrer sa ville natale Ezzahra au rythme du basket. Aujourd'hui loin des terrains, il nous livre son avis sur la situation actuelle du basket tunisien et revient sur les chances de l'Equipe nationale en vue de l'Afro-basket qui se déroulera en Tunisie en août prochain.
Après une longue et riche carrière en tant que joueur et entraineur, qu'est devenu Adel Sghaier ? Pourquoi s'être éloigné du basket ?
C'est le cycle de la vie et le basketball en fait partie, laisser la place aux jeunes est primordial. Ce qui pourrait se faire en en outre en Tunisie, c'est la reconversion des techniciens de "terrain". Intégrer leurs connaissances et leurs expériences à une fédération, au ministère des Sports, etc... Cela permettrait de donner une impulsion aux différentes disciplines sportives et pas seulement le basket.
Comment qualifier, aujourd'hui, le niveau du basketball tunisien ?
Il est du devoir de la Direction Technique Nationale (DTN) d'évoluer et de projeter ce qui est le mieux pour le basketball. En essayant de porter un jugement positif, il me semble que les joueurs d'élite devraient être issus de plusieurs clubs, y compris ceux de la seconde ligue, pour valoriser davantage un championnat en potentiel technique et dont le patron est presque connu dès le début de la saison tant l'écart de niveau est flagrant. Il y a aussi un manque de motivation dans certains clubs.
Qu'en est-il de l'évolution du championnat tunisien ?
On ne peut parler d'évolution du championnat, quand les compétitions des jeunes sont si intermittentes, on pourrait même condenser le championnat des jeunes sur un mois, tant les arrêts de compétition sont fréquents, d'où une lassitude chez les jeunes joueurs, les entraîneurs et un volume d'entrainement inférieur à la moyenne. Atteindre 500 heures par an est un objectif vital pour ce "game non-stop" qu'est le basketball.
Est-ce que techniquement le basket a changé par rapport aux années 70-80 ?
Le basket a évolué énormément techniquement, tactiquement, d'autres valeurs sont apparues, telles que l'approche avec la gestion sportive et financière, les labos de recherche, des nouvelles méthodes d'entrainement. Malheureusement, cette évolution a été stoppée dans certains clubs qui étaient, par le passé, des "locomotives" du championnat.

[quote_box_center]Palmarès

  • Joueur :
  • Première licence 2ème année cadets 1967-1968 avec EZS
  • Vainqueur Coupe de Tunisie Juniors 1970
  • 1970 et 1972 : Champion Universitaire Maghrébin
  • 1973 : Médaille d'or aux jeux africains de Lagos
  • 1974 : Médaille de bronze aux Championnats d'Afrique
  • 1978-1979 : Champion de Tunisie
  • 1981 : Champion Arabe avec l'EN en Tunisie
  • 1985 : Vainqueur Coupe de Tunisie
  • Entraîneur
  • De 1975 à 1983 Entraîneur d'EZS
  • 1983-1985 : Entraîneur Ittihad Jeddah (Arabie Saoudite) : 1 championnat et 1 coupe avec les juniors)
  • 1986-1989 : Entraîneur EZS
  • 1988 : Vainqueur Coupe de Tunisie / EZS
  • 1990-1992 : Entraîneur US Monastirienne
  • 1992-1993 : Entraîneur Espérance ST
  • 1993-1994 : Entraîneur DS Grombalia
  • 1994-1995 : Entraîneur CS Cheminots
  • 1996-1997 : Entraîneur EZS
  • 1998-1999 : Entraîneur EZS
  • 1999 : Vainqueur Coupe de Tunisie / EZS
  • 2008-2009 : Directeur Technique EZS[/quote_box_center]
Justement, comment expliquez-vous le déclin du basketball dans des villes réputées par le passé comme étant des écoles de basket ?
Autant le nombre de clubs de l'intérieur est venu enrichir et faire évoluer le basketball tunisien, comme la JSK, l'USM, l'ASH, le CAB, le BB Ksar Helal... Autant d'autres clubs comme le SN, EZS, l'ESG, le SRS, le CSS, Tacapes, ont pris du retard faute de budget consistant, mais surtout pour avoir délaissé la formation de leurs jeunes. Une direction technique et sportive des jeunes est vitale pour ces clubs, la détection et la sélection des jeunes se fera par des compétences techniques sûres et de qualité. Il faut augmenter les capacités d'accueil de ces jeunes, les terrains, les équipements sportifs et pédagogiques pour un apprentissage de qualité. Les entraîneurs des jeunes doivent être motivés par des rémunérations mensuelles fixes pour qu'ils participent à des colloques ou des séminaires de plus en plus coûteux, afin d'actualiser leurs connaissances.
Y a-t-il un manque de motivation des jeunes ? Comment le club parvient à les attirer vers le basketball pour concurrencer le foot, plus populaire ? Y a-t-il une politique de recrutement ?
Les jeunes sont toujours motivés par ce qu'ils entreprennent, encore faut-il leur donner l'espace adéquat en équipements sportifs, en terrains bien aménagés, en matériels pédagogiques, en tenues de compétition et d’entraînements, pour renforcer davantage l'esprit d'appartenance au club, au groupe, donner la priorité aux études scolaires (faire réellement le suivi) et en seconde priorité le basketball pour consolider son estime de soi, sa confiance et son équilibre psychomoteur, faire de lui un athlète solide qui réussit sur tous les terrains de basketball, actualiser l'approche sportive continuellement. Un club attirera les jeunes en mettant en place un "recruteur-public relations" avec l'enfant et les parents, le rayonnement du club en résultats positifs amènera l'enfant à s'intéresser à la discipline, amener d'excellents joueurs américains et des coachs en Tunisie permettra l'afflux de jeunes enfants à vouloir pratiquer le basketball et à vouloir réussir. Mais pourquoi une politique de recrutement ? Ceci est une question de "management", il s'agit de concrétiser, de mettre en marche ce mode de fonctionnement et le pérenniser. Un recruteur détecteur du profil "basketteur".
Votre avis sur les salles de sport ?
Les salles de sport sont un acquis considérable pour tous les sportifs, leur entretien et l'équipement sportif adéquat et moderne doivent rester une constante. Des cités sportives comme celles d'El Menzah devraient exister dans toutes les grandes villes. Les clubs de Tunis : Al Hilal, Zitouna Sports, AS Féminine, Tunisair, CS Cheminots devraient bénéficier de deux autres cités au minimum ou encore la gratuité d'une journée/semaine au sein de la cité sportive d'El Menzah. Il faut également aménager "la pépinière" pour faire revivre la Zitouna Sports.
Est-ce que les entraîneurs et les techniciens tunisiens sont d'un niveau suffisant qui permet de faire évoluer le basket tunisien ?
Oui et non ! Sommes-nous exportables, pouvons-nous faire valoir notre philosophie de coaches tunisiens à d'autres basketteurs : En France, en Italie, en Espagne, en Lituanie, en Serbie, aux Etats-Unis ... ? Pour dire vrai, nous avons la compétence de très haut niveau en très petit nombre qui est soumis à la loi et au système imposés par une majorité de personnes étrangères au métier. Espérons qu'un jour la compétence remplacera la complaisance.
Que proposez-vous pour l'évolution du basket en Tunisie ?
Mettre en place une stratégie et la concrétiser en continuité, indépendamment des personnes, lui donner de la constance sans que cela ne soit l'apanage d'un ou de quelques responsables. Limiter tous les mandats au sein de la fédération, et que ceux qui viennent après ne détruisent pas ce qui leur a été légué par les précédents administrateurs. Éponger les dettes financières des clubs, dénicher à temps d'excellents joueurs étrangers et ne pas s'y prendre à la dernière minute, pour ne pas recruter des joueurs de second plan ou encore ayant des blessures chroniques.
Quel jugement portez-vous sur l'évolution actuelle d'Ezzahra Sports ?
Depuis quelques années déjà, EZS aurait dû avoir un projet sportif lui permettant une pérennité dans les performances, avec un encadrement jeune, amenant avec lui des idées novatrices dans la gestion du club, sportive et financière, car la relève est immense, tout en révisant à la baisse les dépenses. L'année 2015-2016 est la meilleure occasion pour relancer EZS (B.B) qui possède un effectif (Seniors) jeune pouvant s'améliorer techniquement très vite et concurrencer les meilleurs équipes actuelles du championnat sur les titres en Tunisie et ailleurs mais avec de la patience, de l'énergie et la foi de réussir.
Où en est la formation à EZS ?
Les coaches des jeunes à EZS ont besoin d'être encadrés et ne pas être livrés à eux-mêmes pour une meilleure homogénéité du travail technique et des fondamentaux. Ces coachs doivent être d'abord payés mensuellement, pour qu'ils gardent leur motivation pour le club intacte (ils sont tous issus d'EZS, enfants du club). une meilleur détection et sélection des débutants est importante pour la suite de leur formation, l'utilisation des tests est primordiale.
Quels sont les meilleurs joueurs et entraîneurs en Tunisie, selon vous ?
Les meilleurs joueurs sont ceux qui se surpassent à l'entrainement et qui persévèrent dans l'effort, en bref, ceux qui ont un comportement de champion sur et en dehors du terrain de basketball, car ils sont un modèle de réussite pour les jeunes. Les compétences de l’entraîneur lui dictent de maintenir un niveau de réflexion très élevé à l'entrainement et durant la compétition et de se renouveler d'année en année, de bosser sur le collectif (joueurs et staff). Savoir laisser ou quitter le club tout en ayant réussi sa tâche pour rebondir ailleurs, faire partie de la compétitivité entre coaches.
L'Afro-basket aura lieu en Tunisie 28 ans après l'édition de 1987, quelles sont les chances du Cinq national lors de cette compétition et peut-il rééditer l'exploit de 2011 lorsque la Tunisie été sacrée ?
L'opportunité de réussir à gagner l'Afro-basket pour notre équipe nationale est réelle, malgré une concurrence très forte et rude. Victoire ou pas, rajeunir l'effectif et injecter en intégrant les nouveaux talents des différentes élites sera indispensable.



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