Bizerte : Des militaires brandissent leur arme devant un chauffeur de taxi et menacent un journaliste qui a filmé la scène

Bizerte : Des militaires brandissent leur arme devant un chauffeur de taxi et menacent un journaliste qui a filmé la scène
National
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Notre collègue Mehdi Bouhalleb, journaliste et cameraman, a été arrêté, à Bizerte, ce mercredi 19 novembre par l'armée parce qu'il a filmé des militaires en train de brandir leurs armes contre un chauffeur de taxi suite à un accident. Mehdi Bouhalleb, interdit par l'armée et la police de parler de l'accident ! Une altercation a éclaté ce mercredi 19 novembre en fin d'après-midi, à Bizerte, entre des militaires et un chauffeur de taxi suite à un désaccord à propos d'une priorité à droite entre le bus transportant les militaires et le taxi. La scène s'est déroulée aux alentours de 18h à l'entrée du pont mobile de Bizerte, en direction de la ville, où le trafic a été bloqué. Les militaires sont descendu du bus, le chauffeur aussi. Ils l'ont accusé de mener un braquage et l'ont insulté :" Nalwdine waldik, dine omek, zok omek, taamelna fi braquage"... Ils l'ont tenu par ses vêtements, l'ont bousculé pendant que le chauffeur se protégeait en disant "mais j'avais la priorité, je suis pauvre (zawali), je travaille, je fais pas de braquage", a-t-il répondu. Présent sur la chaussée, à côté,  notre collègue journaliste Mehdi Bouhalleb, a filmé la scène, d'autant plus que la réaction des militaires semblait bizarre et disproportionnée face un chauffeur de taxi inoffensif. Tout de suite, M. Bouhalleb a été interpellé et emmené au poste de police, où il a été sommé de ne pas ébruiter l'affaire dans les médias. "Lors de l'incident, j'ai sorti mon appareil photo et j'ai pris quelques photos de l'incident. Des militaires sont descendus du bus et ont agressé le chauffeur de taxi en pointant leur arme vers son visage, et en l'accusant de 'tentative de braquage sur un bus de l'armée'. Le bus en question était de couleur vert clair et beige, et on avait du mal à distinguer les couleurs à la tombée de la nuit. Un des militaires a remarqué que je prenais des photos et que j'observais la scène d'agression contre le taxiste. Il s'est dirigé vers moi, m'a pris par le bras et m'a remis à des agents de police. Le journaliste Bouhalleb, insulté, maltraité puis arrêté pour avoir filmé un accident  Quelques minutes après, des renforts sécuritaires sont arrivés, et un cadre de la police s'est dirigé vers moi et m'a lancé des insultes, sachant que je lui avais auparavant indiqué être titulaire d'une carte de presse, et que le fait de prendre des photos entrait dans le cadre de mon travail, tout en précisant que j'avais pris ces photos d'un incident sur la voie publique et que je n'avais pas besoin d'autorisation. Le gradé a ensuite donné l'ordre de m'amener à la voiture de police, où les agents de police m'ont insulté et ont confisqué la mallette qui contenait mon matériel photographique. Puis j'ai été emmené au poste de Bougatfa." Les militaires et la police effacent les photos et vidéos et somment le journaliste de ne pas en parler dans les médias  Bien que l'accident a eu lieu dans un espace public, les images filmées ont agacé, curieusement, les militaires et des policiers. "Je me suis retrouvé au poste avec le chauffeur de taxi et les militaires. Des agents de militaires et des policiers m'ont obligé à effacer les photos de l'incident.  Ils ont rédigé "un PV" et ils m'ont ensuite indiqué que si je rapportais l'information dans les médias, on allait me 'poursuivre'. Je leur ai répondu que mes photos avaient été effacées. Ils m'ont répondu : même par écrit. J'ai ensuite rétorqué que c'était de la censure. Ils m'ont alors répondu qu'ils en avaient le droit. Sur le PV, il y avait une description de l'incident entre le taxi et le bus militaire, tout en précisant qu'un 'citoyen' avait été interpellé pour avoir photographié l'incident et que les photos en question avaient été effacées. On m'a demandé de signer le PV, mais j'ai refusé, à moins qu'on indique que je suis titulaire d'une carte de presse. La précision a été ajoutée sur le PV, ma mallette et ma carte d'identité m'ont été rendues. J'ai été libéré à 20h, mais lorsque j'ai quitté le poste, j'ai été menacé par des agents de police et des militaires de 'poursuites' si l'information concernant l'incident était publié que cse soit par écrit ou à l'aide de photos. Le chauffeur de taxi a également été libéré après l'abandon des charges par les militaires. Le chauffeur de taxi, un quadragénaire, a été insulté et frappé par quatre militaires. Un habillé en civil et trois en tenue militaire." D'après Néji Bghouri, président du SNJT, il faut une autorisation pour filmer les militaires mais ils n'ont ni le droit de l'insulter ni le droit de lui dire de ne pas en parler. Nous avons contacté le chauffeur de taxi en question, qui a préféré garder l'anonymat, et qui a déclaré : "C'est un petit incident qui a été amplifié, mais qui s'est achevé à l'amiable. Pour moi, c'est une histoire close." Le porte-parole du ministère de la Défense : "Le journaliste peut porter plainte" Nous avons également contacté le porte-parole du ministère de la Défense ce vendredi 21 novembre. "Je ne peux pas jouer le rôle du juge, je n'ai pas assisté à la scène, ce genre de sujets, c'est la justice militaire qui s'en occupe et le journaliste a le droit de porter plainte, de l'adresser au ministre de la Défense", nous a-t-il répondu.  



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