Mort de Mohamed Ali Snoussi : Le ministère de l'Intérieur révèle les conclusions de l'autopsie et dénonce "une diffamation"

Mort de Mohamed Ali Snoussi : Le ministère de l'Intérieur révèle les conclusions de l'autopsie et dénonce "une diffamation"
National
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Le ministère de l'Intérieur a publié ce mardi 7 octobre un communiqué suite à la mort suspecte du détenu Mohamed Ali Souissi, originaire du quartier populaire de Mellassine (Tunis), qui pourrait avoir été victime de torture d'après sa famille et l'Organisation contre la torture en Tunisie (OCTT). Le ministère de l'Intérieur, dénonçant la "diffamation" dont il ferait l'objet ainsi que ses agents, annonce l'ouverture d'une enquête administrative en plus de l'enquête judiciaire déjà en cours. Il énumère également dans le communiqué la liste des chefs d'accusation qui pesaient sur Mohamed Ali Souissi, qui était recherché, entre autres, pour port d'arme blanche, agression, trafic de drogue et vol. Mohamed Ali Souissi "a été présenté le 30 septembre à la justice, et il est décédé le 3 octobre", déclare le ministère. "Pas de mort sous la torture" selon le rapport d'autopsie Le ministère de l'Intérieur publie également les conclusions de l'autopsie, réalisée par le médecin légiste de l'hôpital Charles-Nicolle, et selon laquelle "la mort n'est pas de cause traumatique". Il est également fait état d'un "syndrôme septique systémique" (une septicémie, c'est-à-dire une infection généralisée grave). Le ministère va même jusqu'à transcrire, mot pour mot, les résultats de l'autopsie :
"La mort n’est pas de cause traumatique
Un syndrome septique systémique avec :
Des abcès pulmonaires
Des signes en faveur d’une endocardite bactérienne avec des végétations purulentes au niveau de la grande valve mitrale et de la valve tricuspide
Un ramollissement du lobe pariétal droit du cerveau
Des foyers d’infaricissement hépatique, splénique et rénaux."
Le ministère de l'Intérieur insiste sur le fait que "tous ses agents sont concentrés sur la lutte antiterroriste" Le ministère de l'Intérieur dénonce dans son communiqué "les déclarations précipitées des nombreux intervenants au sujet de cette affaire pour des buts politiques et personnels", en insistant sur le fait que "tous ses agents sont concentrés sur la lutte antiterroriste et le crime organisé et préoccupés par la préparation des élections législatives et présidentielles". Enfin, le ministère "remercie tous ses cadres et agents de la police, de la garde nationale, de la protection civile, et les appelle à plus d'efforts au service de leur pays en respectant les droits de l'Homme et le principe du respect de l'intégrité physique". Des témoignages concordants semblent confirmer la piste de la torture Cependant, des témoignage des voisins de Mohamed Ali Souissi, dans une vidéo publiée le 4 octobre par l'association Liberté et Équité, semblent confirmer la piste de la mort sous sous la torture. La famille et les voisins de Mohamed Ali Souissi confirment la version de la mère de la victime, qui avait déclaré à l'Organisation tunisienne contre la torture (OTCC) que son fils, arrêté tard dans la soirée du 24 septembre à Mellassine, avait été violemment frappé par la police alors qu'il était nu, les mains menottées à l'arrière. Transféré après son arrestation de la prison à l'hôpital Charles-Nicolle, le jeune homme y est mort le 3 octobre. "Les policiers disaient : 'Regarde ce que la brigade 17 peut faire !' " "On lui a enlevé ses vêtements, et ils ont commencé à le frapper avec des bâtons, une vingtaine de policiers. [...] L'un des hommes de la brigade 17 s'est tourné vers les gens et a dit : 'Regardez ce que nous pouvons faire !' '', raconte un voisin, témoin de l'arrestation dans la video de l'association Liberté et équité. Une autre voisine témoigne, sans montrer son visage : "Je l'ai vu en train de sortir de la maison, nu. Ils le poussaient, ils le frappaient [...], et ils lui disaient : 'Regarde ce que la brigade 17 peut faire !' [...] Ce n'est pas le premier et ce n'est pas le dernier qui subit ça." "Regardez comment ils l'ont torturé !, s'exclame dans la vidéo la soeur de Mohamed Ali Souissi. Qu'est-ce qu'il a fait ? C'est un terroriste lui ? On n'a pas de terrorisme en Tunisie ! On n'a rien ! C'est la police qui tue les gens, c'est la police qui tue les gens."   Par Perrine Massy & Lilia Weslaty    



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