Exposition "Golgotha" : Le laboratoire de l'horreur d'Aïcha Snoussi

Exposition "Golgotha" : Le laboratoire de l'horreur d'Aïcha Snoussi
Culture
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ÉVÉNEMENT | Avant même d'entrer, on est prévenu : "Enfants, femmes enceintes et agnostiques, ne pas dépasser le temps de visite recommandé : 29 minutes", peut-on lire dans le dépliant de l'exposition parmi une liste de "règles de sécurité" ironiques à respecter pour qui veut entrer dans la galerie Ammar Farhat de Sidi Bou Saïd. Car la visite de l'exposition d'Aïcha Snoussi, "Golgotha", dont le vernissage a eu lieu hier dimanche 28 septembre, est en soi une expérience. "Golgotha" : le mot signifie "crâne", et c'est le nom de la colline proche de Jérusalem où aurait été crucifié Jésus. Colline qu'on appelle également le "Calvaire", un nom qui décrit parfaitement les scènes que la jeune artiste a dessinées à l'encre, sur d'immenses toiles recouvrant les murs ou sur du papier en plus petit format, et qui sont à la fois dégoûtantes et fascinantes. Un laboratoire spécialisé dans "l'insémination de la foi" Ici, Golgotha est un laboratoire. Un laboratoire "métaphysique" spécialisé "dans l'insémination de foi", où des hommes aux corps nus et décharnés, les "cobayes", subissent diverses expériences destinées à les "modifier spirituellement". Aïcha Snoussi, avec un singulier sens du détail, a ainsi voulu décrire le processus par lequel un homme devient croyant, et qui selon elle n'a rien de naturel. "La foi, pour moi, est quelque chose qu'on nous greffe de l'extérieur", explique Aïcha Snoussi, qui cite pêle-mêle ce qui l'a inspirée pour réaliser ses oeuvres : "Le judéo-christianisme, le sexe, le sado-masochisme avec l'idée du plaisir dans la douleur, la bouffe."Étalage de chair et de tripes, flaques de sang, greffes d'organes, yeux sortis de leurs orbites, aspiration et ingestion de la cervelle, dissection... Rien n'est épargné au visiteur qui déambule dans les trois salles sucessives de la galerie/laboratoire : "caldarium", "backroom" et "frigidarium". Un supplice à la foi subi et volontaire Dans ce laboratoire de l'horreur, où le supplice est à la fois subi et volontaire, les viscères se confondent avec les fils électriques de la machine à "inculquer la foi", pilotée par un orgue sur lequel jouent des mains coupées aux doigts crochus. Les "cobayes" se voient retirer toute humanité, âme et corps. L'expérience est d'autant plus forte que l'exposition se fond totalement dans le lieu, et que les traits des différents dessins se prolongent sur les murs, reliant les oeuvres entre elles.
"Aïcha Gorgi [qui tient la galerie Ammar Farhat] a mis l'espace à ma disposition en me disant : "Fais ce que tu veux avec", raconte Aïcha Snoussi. C'est devenu un laboratoire où j'ai mis un peu tout ce que j'avais dans la tête."
"Elle est très prometteuse !", s'enthousiasme Aïcha Gorgi. À seulement 25 ans, la jeune artiste a en effet déjà réalisé plusieurs expositions. "Golgotha" sera visible à la galerie Ammar Farhat de Sidi Bou Saïd (3 rue Sidi El Ghemrini) jusqu'au 26 octobre.



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