Face à la politique de l'Etat, des imams dénoncent le «retour» des pratiques de Ben Ali

Face à la politique de l'Etat, des imams dénoncent le «retour» des pratiques de Ben Ali
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«Nous sommes ici pour demander l’adoption d’une nouvelle loi sur les mosquées et l’annulation des circulaires décidées par le ministre des Affaires religieuses, Mounir Tlili, consacrant l’injustice, la répression et le contrôle policier comme à l’époque de Ben Ali», nous a déclaré ce mardi 8 juillet Lassaad Abid, président de l’OTT, (Organisation tunisienne du Travail) devant l'Assemblée nationale constituante au Bardo.
Le conseil national du Syndicat des imams et cadres religieux [1], affilié à OTT [2], a organisé, hier, une manifestation devant le siège de l’Assemblée nationale, au Bardo (gouvernorat de Tunis). Le célèbre prédicateur pro-polygamie, Adel Almi, était présent. Les syndicalistes ont protesté contre
  • Les dernières mesures prises par le ministre des Affaires religieuses, Mounir Tlili
  • Le contrôle des mosquées en Tunisie
  • Les poursuites «injustifiées» dont sont victimes des imams
Le syndicat des imams et cadres religieux  réclame l’adoption d’une nouvelle loi sur les mosquées, remplaçant l’ancienne loi élaborée par le régime de Zine El Abidine Ben Ali. Suite à leur mobilisation, les syndicalistes ont été reçus par des députés, ainsi que par le président de l’Assemblée nationale, Mustapha Ben Jaâfar. Arrestation d'imams : le syndicat dénonce un «contrôle policier» D'après M. Abid, le ministre Tlili leur avait promis de retirer ces circulaires contrôlant les mosquées, sauf que cette promesses n’a pas été tenue, affirme  le président de l’OTT
«Après, des imams ont été arrêtés sur la base de ces circulaires et des rapports élaborés par les Omdas. Il n’est pas logique qu’un Omda contrôle un imam. Ils rédigent des rapports policiers, c’est évident.» s'est-il indigné. 
Parmi ces imams arrêtés, Radhouane Mejri, était présent au Bardo, avec les imams du syndicat, pour dénoncer son arrestation le 26 juin dernier, à la mosquée Bani Hachem, à Douar Hicher (gouvernorat de La Manouba). Il a affirmé être l’objet de poursuites judiciaires, plus exactement «accusé d’avoir occupé le minbar» de cette mosquée sans autorisation du ministère.   Nominations et révocations des imams : Refus de la politique de l'Etat
«Le motif de mon arrestation était que je ne disposais pas de documents prouvant que j’ai été chargé par les autorités, a-t-il poursuivi. Pourtant, j’ai été désigné par le gouvernorat et j’avais eu à traiter avec les prédicateurs locaux et régionaux qui avaient salué, avec les fidèles, mes prêches modérés. Aujourd’hui, je suis en liberté provisoire en attendant la prochaine séance du tribunal».
D’après lui, d’autres imams se trouvent dans la même situation, dont un qui a été condamné à six mois de prison, pour les mêmes raisons, alors qu’il avait été désigné, oralement, par le ministère d'après ses déclarations. 24 commissions mixtes pour lutter contre le discours intégriste
«Des imams parfois respectables ont pris possession des lieux, mais bien souvent les mosquées ont été prises d’assaut par des imams salafistes voire djihadistes » rapporte l’universitaire islamologue Mohamed Haddad, président de l’Observatoire arabe des religions et des libertés qui a organisé le 31 mai dernier à Tunis une journée d’étude : « La neutralité des mosquées, où en sommes-nous ? »
D'après les récentes déclarations dans les médias du ministère des Affaires religieuses, il y eut plus 1 100 mosquées- sur les 5 100 que compte le pays- qui étaient hors de contrôle. «Pour lutter contre les discours intégristes, 24 commissions mixtes composées de représentants  des ministères des affaires religieuses, de l’intérieur et de la justice, en lien avec le chargé du contentieux de l’État, ont été mises en place pour traiter les cas des mosquées et désigner de nouveaux imams après accréditation du ministère des Affaires religieuses » nous a confirmé Mohamed Fadhel, de la direction régionale de Tunis, affiliée au ministère. Au mois de juin dernier,  Mounir Tlili a déclaré lors de la 46e édition du concours national de mémorisation du Coran que «100 mosquées ont été récupérés et qu'il en reste encore 49 hors de contrôle »
[1] Chiheb Eddine Tlich, SG du conseil national du syndicat des imams et cadres religieux, a contesté à plusieurs reprises la fermeture des écoles coraniques.  [2] organisation syndicale née d’une scission avec l’Union générale tunisienne du Travail (UGTT)



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