Jabeur Mejri gracié… mais risque 10 ans de prison !

Jabeur Mejri gracié… mais risque 10 ans de prison !
National
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On aurait pu penser que l’amnistie dont a bénéficié Jabeur Mejri allait découler sur une libération. L’affaire est plus compliqué qu’elle n’en à l’air dans la mesure où une seconde affaire est venue se greffer sur celle des caricatures jugées offensantes envers le Prophète Mohamed, rendant sa libération incertaine. Cette seconde affaire a pris de court et choqué tout le monde à commencer par le Comité de soutien de Jabeur Mejri, désappointé par l’émergence d’un deuxième chef d’inculpation ou le président du bureau de la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH) en Tunisie, Mokhtar Trifi, qui a exprimé son étonnement à l’AFP. "On n'a absolument aucune connaissance de l'existence d'une autre affaire. Nous sommes sur l'affaire pour laquelle il a été emprisonné à Mahdia et il n'a jamais été question d'autre chose". Le Comité apprend, en effet, que le jour de son arrestation, il y a deux ans, deux inculpations lui ont été signifiées, l’une en rapport avec les caricatures, le second mandat de dépôt serait en rapport avec une affaire de droit commun. Contactée par Webdo, Henda Chennaoui du Comité de soutien, affirme être tombée des nues en apprenant qu’un deuxième procès se préparait. «Ce procès concerne une affaire de malversation impliquant un fonctionnaire public. D’après les éléments que nous avons, le juge d’instruction est en cours d’investigation». Son avocat Me Ahmed Mselmi, vient de confirmer que son client restera en prison en raison de poursuites pour détournement de fonds. "J'ai contacté le juge d'instruction du tribunal de Mahdia qui m'a confirmé l'existence d'une affaire de détournement de fonds lorsque Jabeur travaillait à la SNCFT (chemins de fers tunisiens, ndlr). A la suite de son instruction, un mandat de dépôt a été émis le 9 janvier 2014", a-t-il indiqué à l'AFP. D’après les éléments dont dispose, à l’heure actuelle, le Comité de soutien, Jabeur Mejri, aujourd’hui âgé de 29 ans, est passible d’une peine de 10 ans de prison dans le cas où il est reconnu coupable selon l’Article 96 du Code pénal. Mais le Comité ignore encore qui a déposé la plainte et quand elle a été déposée. Plainte qui est en rapport avec son ancien emploi au sein de la SNCFT (Métro du Sahel). L’affaire Jabeur Mejri prend donc une autre tournure malgré le décret présidentiel de grâce émis par la présidence de la République. "En avril, nous avons écrit au ministère de la Justice (...), qui nous a informés que la seule affaire dans laquelle Jabeur Mejri était accusé était cette affaire, celle des caricatures insultantes", a déclaré Adnene Manser sur les ondes de la radio Shems FM. Avant d’ajouter : «nous avons été surpris (d'apprendre) ces derniers jours qu'il y a une autre affaire, un autre mandat de dépôt dans une affaire de droit commun, une accusation de mauvaise gestion de fonds». Accusation qui bloque aujourd’hui sa libération dans la mesure où Jabeur Mejri se retrouve en détention préventive dans le cadre d’une nouvelle affaire, chose qui rend impossible l’application d’une grâce présidentielle dans la mesure où une deuxième condamnation est encore possible après le verdict du 28 mars 2012, lorsqu’il a été condamné à 7 ans et demi de prison et 1200 dinars d’amendes pour avoir publié et diffusé "des écrits susceptibles de troubler l’ordre public et pour offense et outrage aux bonnes mœurs", selon la justice. «Au sein de la famille de Jabeur Mejri, cette nouvelle affaire a eu un effet désastreux sur le moral. Déjà déprimée et vivant dans la honte, la famille de Jabeur Mejri est dans un état de souffrance indescriptible», nous signale Henda Chennaoui. Aujourd’hui, le Comité est révolté par ce qui se passe avec Jabeur Mejri et «se demande surtout pourquoi une deuxième affaire apparaît aujourd’hui, bloquant la libération de celui qu’il considère comme le premier prisonnier d'opinion en Tunisie depuis la révolution de janvier 2011 ; si ce n’est pour le laisser croupir en prison sans pour autant que cela ressemble à un abus contre la liberté d’expression».



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