Liberté de Presse : RSF classe la Tunisie 133e, les Émirats font mieux !

Liberté de Presse : RSF classe la Tunisie 133e, les Émirats font mieux !
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Dans son classement mondial de la liberté de presse de 2014, Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé les méthodes du parti Ennahdha qui a repris à son compte «les habitudes du système Ben Ali». «Le parti islamiste se lance dans un jeu de chaises musicales, faisant et défaisant les carrières à la tête des radios et télévisions publiques», rapporte le communiqué accompagnant le classement, en référence au conflit ayant opposé le gouvernement d’Ali Laârayedh à la Haute autorité indépendante pour la Communication audiovisuelle (HAICA) suite à la nouvelle vague de nominations, décidées en août 2013, à la tête des médias publics.

A titre de rappel, le 22 août 2013, un accorde a été conclu entre le précédent gouvernement et la HAICA pour la formation d’une commission mixte chargée d’aboutir à une lecture unifiée du décret-loi n°116 portant création de la HAICA. Après l’accord conclu avec le nouveau gouvernement Mehdi Jomaâ, le président de la HAICA, Nouri Lajmi a indiqué, le 10 février 2014, que la présidence à la tête des médias publics se fera, dorénavant, sur la base des candidatures. Pour revenir au classement, notons que la Tunisie a été classée 133e par RSF, gagnant, ainsi, cinq places par rapport au classement précédent qui l’avait vu perdre 4 places par rapport au classement de 2011. L’évolution modeste de la Tunisie dans ce classement est, sans doute, due à l’installation d’une autorité chargée de la régulation des médias de l’audiovisuel, sachant que dans son classement de 2013, RSF avait épinglé, notamment, «les autorités (qui) ont entretenu le vide juridique en retardant la mise en œuvre des décrets-lois régissant les médias». Malgré l’installation de cette nouvelle instance, la Troïka avait refusé de revoir les nominations précédemment effectuées à la tête des médias publics, prétextant l’inexistence de la HAICA à l’époque. Même si RSF ne donne aucune autre précision quant aux raisons de cette place peu honorable de la Tunisie, il est clair que les journalistes du pays ne sont pas uniquement menacés par les pouvoirs publics. Cela s’étend, aussi, aux partis politiques, à des composantes de la société (tels que les Ligue de protection de la Révolution ou certains syndicalistes), ainsi que les citoyens. Par ailleurs, le secteur a connu une année 2013 exceptionnelle. Le Syndicat des journalistes a décidé, ainsi, le 17 septembre 2013, une grève générale à la suite de l’arrestation du journaliste Zied El Heni. La Tunisie est devancée, dans ce classement, par des pays tels que la Mauritanie (60e), le Gabon (98e), la Centrafrique (109e), le Qatar (113e), Brunei (117e), les Emirats arabes unis (118e), le Mali (122e), l’Ukraine (127e), l’Afghanistan (128e), ou le Cameroun (131e). La citation de ces pays dans des places meilleures que la Tunisie indiquerait que les journalistes tunisiens, trois ans après la Révolution, n’ont guère vu des évolutions par rapport à leur situation sous le régime de Ben Ali. «Le classement mondial, publié chaque année, évalue la liberté d’informer dans 180 pays. Il reflète le degré de liberté dont bénéficient les journalistes, les médias et les net citoyens de chaque pays ainsi que les moyens mis en œuvre par les États pour respecter et faire respecter cette liberté», précise la note méthodologique de RSF. Pourtant, aux Emirats arabes unis, l’ONG a rapporté, dans son rapport accompagnant ce classement, que «deux net-citoyens qui ont relayé sur Twitter des informations relatives au procès des quatre-vingt-quatorze Émiratis accusés d’affiliation avec le parti Al-Islah (parti proche des Frères musulmans, ndlr) ont été condamnés à de lourdes peines de prison». La méthodologie utilisée par RSF englobe donc de nombreux critères en termes de liberté de presse. A noter que l’Algérie, le Maroc et la Libye sont, respectivement classés 121e, 136e et 137e, alors que l’Egypte est 159e. La Corée du Nord (179e) et l’Erythrée (180e) ferment la marche du classement dominé par le trio Finlande, Pays-Bas et Norvège.

K. A.




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