Le billet de Hatem Bourial - Il faut sauver Djerba maintenant !

Le billet de Hatem Bourial - Il faut sauver Djerba maintenant !
Chroniques
print



Un petit pas en avant vient d'être fait à Djerba. Mais pour cela, il aura fallu l'explosion de colère d'octobre dernier, lorsque la population du paisible village de Gallala avait grondé pour faire entendre sa voix. On se souvient avec tristesse de ces deux journées d'émeute, de ces destructions et de toute la violence qui avait déferlé sur l'ile de Djerba. Quelques mois plus tard, les solutions pour la gestion des déchets, de plus en plus nombreux, commencent à trouver leur chemin et Djerba commence à panser ses plaies en matière d'environnement. Pourtant, le problème des déchets demeure entier et la pollution s'installe insidieusement dans les villes principales de Djerba mais aussi dans les campagnes les plus éloignées. Il est à ce titre désolant et à peine croyable de constater que dans le triangle rural Sidi Jmour - Bazim - Sidi Hachan, les décharges à ciel ouvert se sont multipliées, loin des regards, à cause de l'indiscipline des riverains et le laisser-aller général. A Djerba, il n y a pas que les déchets qui posent problème. L'équilibre écologique fragile de l'île subit les assauts du béton, du tourisme intensif et de l'urbanisation sauvage. En fait, l'île est quasiment défigurée et semble avoir perdu sa vocation de jardin miraculeux. Plusieurs actions associatives et aussi gouvernementales sont aujourd'hui entreprises mais que peuvent-elles face à la gabegie généralisée ? L'eau, rare et précieuse, est gaspillée sans vergogne, les menzels historiques sont remplacés par des buildings sans identité, les sentiers ruraux sont fragilisés par les quads et consorts qui s'infiltrent partout et, last but not least, ici aussi des zaouias ont été attaquées et détruites. Djerba souffre, c'est un fait. Pire, le seul site encore préservé de l'île commence à subir les assauts du béton. Tout le long de la plage qui mène jusqu'à Ajim, le rivage est carrément envahi par les déchets de toutes sortes. Ainsi, la seule plage dont les locaux font usage a pris une allure de dépotoir. On pourrait multiplier les exemples, établir une cartographie des dangers et demander des actions urgentes. Cela ne suffira pas et le projet d'île-jardin pour lequel le gouvernement promet de dépenser 16 millions d'euros tarde à voir le jour. Les menaces qui pèsent sur Djerba ne sont pas seulement écologiques. On constate ici et là des surenchères intégristes qui n'hésitent plus à s'exprimer haut et fort. Assistons-nous à un retour de l'intolérance dans ce havre béni des dieux ? En ce sens, cela constituerait un terrible recul. Pour l'heure, la nouvelle saison touristique sera certainement placée sous le signe de l'affluence libyenne et algérienne. Encore une fois, ce sont nos voisins qui vont sauver les meubles. Heureusement ! Encore faudrait-il, une fois pour toutes, réfléchir sur le destin futur de Djerba. Il est plus que temps : il faut sauver Djerba maintenant !



Commentaires

Le billet de Hatem Bourial - Mais où se cache donc Rached Ghannouchi?

Précédent

Snapshot : Ces minarets qui n'en sont pas !

Suivant