Les médias français déforment-ils l’image de la Tunisie ? L’actualité ne peut être déformée, selon une journaliste française

Les médias français déforment-ils l’image de la Tunisie ? L’actualité ne peut être déformée, selon une journaliste française
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Islamisme en Tunisie, tentation du djihad, salafisme, affrontements à la cité Ettadhamen, démocratie défiée par les islamismes radicaux, etc… Ces sujets ont fait la une des médias français au cours des derniers mois. Entre reportages, flashes info, documentaires, ils ont été diffusés sur des chaînes TV ou publiés… d’abord à l’intention des Français. C’est sur ce thème qu’a voulu axer une partie de son débat, hier, l’émission «Attassiaâ Massaa» en voulant traiter de «l’image de la Tunisie véhiculée à travers les médias français». Avec la participation du ministre du Tourisme Jamel Gamra et d’un professionnel du Tourisme Afif Kchouk, le débat s’est voulu incisif. Les médias français influencent-ils les touristes voulant se rendre en Tunisie ? La question a été posée à des touristes français… en Tunisie qui n’ont pas hésité à reprocher à ces mêmes médias l’instrumentalisation faite et les craintes qu’ils transmettent aux touristes. La question aurait pourtant due être posée aux premiers concernés, les médias français, dont aucun représentant n’a été invité sur le plateau. Ça a été épinglé par certains journalistes français qui ont réagi sur Twitter face à cette «absence» remarquable et remarquée ! Et pour cause, le ministre du Tourisme se plaindra de l’«image inquiétante» de la Tunisie véhiculée par les médias français. Une image «qui ne reflète pas la réalité tunisienne et qui agace», a-t-il déclaré. Selon le ministre, «c’est une campagne orchestrée qui aura des répercussions dans les jours à venir» (vu que nous sommes en pleine période de réservations). Les Français exagèrent-ils, font-ils de l’acharnement, de la mauvaise publicité ? L’image rapportée obéit à une certaine réalité, selon un des intervenants ; le salafisme, le terrorisme, etc… étant devenu d’actualité.Nous avons contacté Elodie Auffray, journaliste française qui s’est déclarée agacée par ce énième débat qui se concentre autour de reproches faits aux médias français. «Il ne faut pas raisonner en terme d'image, mais plutôt d’actualité. On peut reprocher aux médias français de se focaliser sur les questions politiques, sur l'islamisme en particulier. Cela reste un sujet primordial, mais il est vrai que les autres dynamiques (économiques, sociales, de transition démocratique...), sont occultées par les conflits et les violences politiques.» La journaliste estime que les médias tunisiens doivent se dépassionner par rapport aux médias français. Les reproches d’Elodie Auffray par rapport au débat d’hier ne se limitent pas seulement aux critiques adressés à ses collègues. «Nous ne sommes bien sûr pas au-dessus des critiques, mais celles qui sont émises ne me paraissent pas constructives. On crie vite au complot, on agite les sentiments, plutôt que de chercher à analyser les causes et à trouver des faits.» Elodie Auffray qui dénonce cette instrumentalisation dévoile également certains côtés que les Tunisiens ne connaissent pas comme les répercussions de cette campagne sur le terrain où elle est confrontée, parfois, à des difficultés. On va jusqu’à l’accuser de complot, d’espionnage comme ce fut le cas lors d’un récent reportage qu’elle a voulu effectuer sur les familles des jeunes partis au djihad en Syrie. «J’ai été prise à parti par une personne qui m’a carrément accusée d’espionne de la France ! Ce n'est pas très grave, mais ce n'est pas sain».



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