Liberté de la presse en Tunisie : un long chemin encore semé d'embûches

Liberté de la presse en Tunisie : un long chemin encore semé d'embûches
National
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Au lendemain du 14 Janvier 2011, nombreux sont les journalistes qui, bercés par un optimisme d'envergure, appréhendaient sereinement la transformation à outrance des médias, journaux, télévisions et radios, rassemblés dans un même objectif, celui de se débarrasser des derniers vestiges d'une dictature vieille d'un demi-siècle. Les attentes auront finalement été déçues par un contexte politique tendu et devenu exécrable. Durant plus de deux ans, les médias ont eu la vie dure mais ont aussi participé, d'une certaine manière, à cette tragi-comédie qui se joue dans les coulisses de la scène politique. «Aâlam el âr» comme certains aiment si bien nommer ces médias qui bataillent chaque jour pour ne pas retomber dans les pièges tendus par le passé, ont des raisons de ne pas espérer... Lorsqu'on dénombre 196 journalistes victimes d'agressions en une année (mai 2012 à mai 2013), soit 9 agressions par mois, d'après les chiffres de Neji Bghouri, membre du syndicat national des journalistes tunisiens, on ne peut parler de liberté d'expression. Lorsque les violences commises à l’encontre des journalistes, augmentent on ne peut parler de liberté de la presse. Lorsqu'un organisme comme HAICA (Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle), prévue par le décret-loi 116, objet de toutes les surenchères politiques met des mois pour naître, on se demande bien ce que nous réserve la suite et ce que prévoient les différentes instances qui auront un rôle à jouer dans l'instauration d'une nouvelle régulation et de nouvelles règles. Cette HAICA devrait voir le jour ce soir, lors d'une annonce solennelle après plusieurs semaines de tergiversations, de refus et de coups de théâtre. Mais, la création de la HAICA ne doit pas venir mettre un voile sur les desseins obscurs de certaines parties qui ont tenté, comme ce projet de loi initié par le CPR en 2012 et qui prévoit des peines de prison à l’encontre des journalistes, de museler les journalistes. La HAICA va peut-être mettre fin à des dépassements mais le chemin reste encore semé d'embûches, celles qui ont pour mission de dresser des restriction aux libertés. Aujourd'hui, les décrets-lois 115 et 116 promulgués en novembre 2011, attendent d'entrer effectivement en application pour que le secteur se régularise définitivement alors que la libération des médias a désormais un temps d'avance sur la régulation de ces médias. D'où la situation burlesque née après la révolution, celle de grignoter chaque jour un peu plus de liberté...



André Parant juge nécessaire de préserver les acquis démocratiques en Tunisie

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