Pas de doute, la tension commence à monter entre Ennahdha et la France

Pas de doute, la tension commence à monter entre Ennahdha et la France
National
print



Depuis les déclarations de Manuel Valls, ministre français de l'intérieur, plusieurs éléments accréditaient l'amorce d'une tension entre le pouvoir nahdhaoui et la France. Relevons pour mémoire quelques-uns de ces éléments : - Les réactions des autorités tunisiennes après les déclarations de Valls ont été vives et pris la forme d'une convocation de l'ambassadeur de France à Tunis chez le chef du gouvernement et d'une mise au point du ministre des Affaires étrangères. - Samedi, dans une déclaration, Rached Ghannouchi, le leader d'Ennahdha a accusé des parties étrangères d'être derrière les remous suscités par le meurtre de Chokri Belaid - Le même jour, des manifestants ont clamé des slogans anti-francais au cours de la manifestation d'Ennahdha à Tunis. Ces slogans, encore plus vifs, ont refait leur apparition de nouveau dimanche au cours des manifestations d'Ennahdha dans plusieurs villes de l'intérieur. -Aujourd'hui, Jean-Luc Melenchon s'est recueilli sur la tombe de Chokri Belaid et y a déposé une gerbe de fleurs de la part du Front Populaire français, ce qui risque d'être diversement apprécié en Tunisie. - Dans cette même optique, certains partis politiques tunisiens et des leaders de l'opposition ont été pris à partie par les manifestants nahdhaoui pour leur alignement supposé sur des thèses françaises - Cette tension était également perceptible aux abords de l'ambassade de France à Tunis qui jouit désormais d'un vaste périmètre sécurisé par l'armée et la police. Cette tension risque de connaitre un regain spectaculaire après la mise en réseau aujourd'hui d'une pétition internationale de solidarité avec la Tunisie signée par plusieurs élus français et relayée par de très nombreux signataires. Le ton de cette pétition ne devrait pas plaire aux autorités tunisiennes et pourrait faire couler de l'encre dans seulement quelques heures. En outre, il s'agit de la première pétition de grande envergure à pointer la Tunisie du doigt alors que sa diffusion intervient dans la foulée d'une avalanche de condamnations internationales du laxisme des autorités tunisiennes en matière de sécurité suite à l'affaire Belaid. Le texte de cette pétition est accessible via ce lien "Appel solidarité internationale avec la Tunisie". Comme on peut le constater à la lecture de ce document, les termes sont parfois très critiques et pourraient entrainer des réactions de la part des autorités qui pourraient être tentées de répliquer sur le thème de l'ingérence et le souvenir du passé colonial. Le fait est que ces derniers jours, l'agitation anti-francaise a commencé à s'insérer dans le débat politique et que les militants nahdhaouis semblent très remontés contre Paris Last but not least, ce regain de tension se développe sur fond d'intervention française au Mali et de confrontation avec le jihadisme international.



André Parant juge nécessaire de préserver les acquis démocratiques en Tunisie

Précédent

Tunisie : Un ancien secrétaire d'Etat condamné à trois ans de prison

Suivant