1,5 millions de personnes aux obsèques de Chokri Belaid : funérailles grandioses et dignes du peuple tunisien

1,5 millions de personnes aux obsèques de Chokri Belaid : funérailles grandioses et dignes du peuple tunisien
National
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Funérailles populaires et nationales, aujourd’hui pour rendre un dernier hommage à Chokri Belaid. Des 10h du matin, des milliers de personnes se sont massées devant le cimetière du Jellaz à Tunis. Une ambiance triste, colérique et dépitée régnait, les gens ne comprenant plus comment la Tunisie en est arrivée là. Les gens attendaient patiemment l’arrivée du cercueil de Chokri Belaid et le début de la cérémonie d’enterrement. La plupart d’entre eux sont venus pour dénoncer le climat de la violence qui ravage le pays, les gens sont venus de régions différentes du pays, de Gafsa, Jendouba, Redayef, etc. Une dame, affirme être endeuillée par la mort de son père, il y a de cela deux jours, mais elle a tenue à assister à l’enterrement de Chokri Belaid. Vers 11h45, le cortège commence sa route en direction du Jellaz, qui allait durer plus de deux heures. Placée sur un Hummer de l’armée nationale, la dépouille du leader du Front Populaire était escortée par des soldats. Dans le véhicule se trouvait la famille du défunt, sa femme, son frère, sa fille, ainsi que des leaders politiques tel que Maya Jeribi. Devant le véhicule, défilaient des avocats en toge, collègues de Chokri Belaid, portant une banderole marquant le deuil de toute la profession, ainsi que ses camarades du Front Populaire la mine triste, des syndicalistes de l’UGTT, et des habitants de Jebel Jelloud, venus en grand nombre. On pouvait voir plusieurs pancartes : «nous sommes tous Chokri Belaid» ou encore «ni violence, ni terrorisme, notre révolution est une révolution de liberté». Installée au devant du véhicule militaire, la fille de Chokri Belaid, à peine 8 ans, forçait le respect de toutes les personnes présentes. Vêtue d’un tee-shirt sur lequel était écrit «Papa, qui est ce qui l’a tué». Très digne, la petite fille répondait aux interpellations des gens, par une main levée et le V de la victoire. Le cortège se frayait péniblement un chemin, tant la foule était immense. Une foule reprenant l’hymne nationale à plusieurs reprises, mais scandant aussi des slogans à la gloire du disparu : «Belaid ô martyr, le peuple ne t’oubliera pas», «Sang et âme, nous te vengerons ô martyr», «Le martyr a laissé un testament, nous ne reculerons pas pour la cause». Les doigts accusateurs pointaient aussi, explicitement, Rached Ghannouchi et son parti, à leurs yeux, responsable de ce qui est arrivé. La foule, dans sa grande majorité, le traitait de «lâche» et d’«assassin». Le slogan le plus repris était «aujourd’hui, aujourd’hui, la chute d’Ennahdha». Les gens se sont installés tout le long du parcours, sur les bords des trottoirs, sur les balcons, sur les ponts. Le cortège avançait au rythme des applaudissements, des youyous lancés par les femmes, ainsi que de l’hymne national. Plusieurs personnes adressaient des «bons courages» et des «que Dieu vous viennent en aide» à Mme Belaid et sa petite fille. D’autres interpellaient Maya Jeribi, lui demandant de «ne pas abandonner la cause». Vers 14h30, la dépouille arrive à la porte principale du cimetière, au niveau de l’hôpital militaire. Au milieu d’une foule de plusieurs centaines de milliers de personnes, les soldats qui formaient un cordon autour du véhicule transportant le défunt et sa famille, n’arrivait plus à avancer. Les slogans résonnaient encore plus fort en rentrant dans le cimetière. Des personnes ont envahis les toits, voire même les arbres pour pouvoir apercevoir le cercueil. La marche devient de plus en plus laborieuse, et les soldats, restent très calmes et professionnels malgré la difficulté de la tâche. Arrivée devant la mosquée, où attendaient Houcine Abassi, leader de L’UGTT, Ahmed Brahim du Massar et d’autres personnalités politiques, les choses se compliquent. Au Moment où l’armée s’apprêtaient à descendre le cercueil du véhicule, on aperçoit dans le ciel, un nuage noir provenant d’un feu à l’extérieur, ensuite des tirs de gaz lacrymogènes retentissent, l’odeur devient suffocante et déclenche un mouvement de panique. Plusieurs personnes tentent de se réfugier dans les bureaux du cimetière. Les yeux et les nez brûlent mais une grande partie de la foule et la famille du défunt, résistent et restent au côté du véhicule. Le cercueil de Chokri Belaid arrive finalement dans l’enceinte de la mosquée, où la prière des morts est effectuée pour ensuite être enterré dans le carré des martyrs. Devant l’hôpital militaire, quatre à cinq voitures brûlent, les policiers dispersent à coup de gaz lacrymogènes. La chaine Nessma affirme que, d’après des témoins oculaires, des véhicules étaient venus au Jellaz pour transporter les pilleurs. Nous reprenons cette information avec les réserves d’usage. Selon le ministère de l’Intérieur, presque un million et demi de personnes ont accompagné la dépouille de Chokri Belaid à sa dernière demeure. Des funérailles de grande envergure et dignes du peuple tunisien, que quelques délinquants, irrécupérables, n’auront pas réussi à gâcher.




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